Mythologies
Le président iranien Mahmoud Ahmadinejad a organisé à Téhéran, les 11 et 12 décembre
2006, une conférence sur la réalité historique de la Shoah. Il y avait invité des négationnistes
comme le français Faurisson, l'anglais Irvin, des négationnistes allemands et même des juifs
traditionalistes antisionistes.
Le négationnisme semble réduire la question de la liberté
d'expression au droit de dire n'importe quoi. Après tout, pourquoi pas. Les négationnistes ne
sont malheureusement pas les seuls à dire des conneries. Je ne vois personne qui puisse
vraiment leur donner de leçons sur le sujet. Cela devrait précisément inciter à plus de sens
critique et plus de vigilance ou à plus d'attention à ce qu'on dit
(voir Peut-on dire des conneries).
Le négationnisme pose aussi la question des critères qui fondent ce à quoi nous croyons. On peut toujours
tout contester. En histoire, comme nous n'avons pas vécu dans les époques dont il est
question, tout peut être plus ou moins reconstruit. Tout est déjà reconstruit par la mémoire pour
notre propre expérience. Nous avons du passé, historique ou personnel, des images forcément
incomplètes, souvent contradictoires, et parfois réellement fausses. Les historiens modernes
sont précisément ceux qui sont chargés de tenter de corriger ces représentations collectives
alors que les historiens traditionnels avaient plutôt tendance à fournir aux souverains ou aux
peuples des images idéalisées.
Dans les années 1960-1990, cet idéal de démystification était à son apogée. Les universitaires
se piquaient de culbuter les idées reçues. Concrètement, celui qui réussissait à démontrer
qu'une représentation était un mythe avait sa réputation assurée. Le problème était que la
notion de mythe jouait sur les deux sens de mystification et de symbole. Sur le sujet, le livre de
Garaudy, Les mythes fondateurs de la politique d'Israël, précisément condamné pour
négationnisme jouait sur ces deux sens du simple fait qu'il était édité par une
maison d'édition négationniste. En sciences humaines, un mythe fondateur ou récit fondateur
est simplement ce qui sert de référence culturelle. J'ai déjà mentionné, dans un autre article qui traitait
de cette question sous un autre angle (voir Unicité et négationnisme), une citation qui illustre cette idée de construction. Sur France Culture (Panorama, novembre 1990), on a pu ainsi assister au dialogue suivant à propos d'une biographie :
-
– « Il n'y a pas, si vous voulez, d'invention, tout est vrai, tout ce qui est dans le texte est dit, repéré, répertorié, fiché. Il n'y a absolument...
– « Mais vous savez que c'est tout de même une fiction. Toute biographie est tout de même une fiction [...] Vous n'allez pas dire qu'une biographie est quelque chose qui dit des choses vraies ».
On y voit bien que l'intervenant refuse bien d'admettre que le contenu d'une biographie est vrai. Cette théorie intellectualiste de la fausseté des biographies a pu aussi être utilisée, dans la même période, à propos du Journal d'Anne Frank (spécialement du fait qu'il avait été expurgé de certains détails intimes).
Les négationnistes sont apparus au grand jour à cette époque. Ils correspondent à la version
d'extrême droite de cette approche biaisée du constructivisme (souvent de gauche ou d'extrême
gauche), dans laquelle la construction est synonyme de mystification. La gauche est souvent
sensible à la théorie du complot, dans la mesure où elle considère l'idéologie bourgeoise
comme une mystification des masses. Les intellectuels actuels ont simplement généralisé ce
phénomène, en enlevant le terme bourgeois qui faisait trop marxiste, bien qu'encore présents
dans les Mythologies de Roland Barthes. On peut d'ailleurs dire aujourd'hui que la doctrine
officielle de nombreux universitaires est qu'il n'y a pas de vérité. De ce point de vue, les négationnistes
sont bien dans la ligne.
Contradictions constructivistes
Contrairement à la levée de bouclier à son encontre, on peut dire que Mahmoud Ahmadinejad a raison de faire remarquer qu'il subsiste quelques récits fondateurs de la modernité. En s'attaquant à la Shoah, il applique fidèlement la déconstruction
aux mythes occidentaux contemporains. Veut-il prouver que les Occidentaux ont aussi leurs
références fondatrices ou que ces références sont des mensonges ou des illusions ? Voudrait-il
dire lui-aussi qu'il n'y a pas de vérité ou qu'une référence fondatrice n'a pas de valeur
politique ? On imagine que ce n'est pas le cas dans un État qui se fonde aussi ouvertement sur
la religion. En général, les croyants la considèrent plutôt comme une vérité dogmatique.
Cette question de la valeur des textes religieux considérés comme la vérité est un problème
connu, dont une forme caricaturale se manifeste aux USA chez ceux qui sont partisans d'une
lecture littérale de la Bible. La représentation qu'on se fait des fondamentalistes musulmans
est plus ou moins celle d'un rapport au texte assez littéral, quoique ce ne soit pas du même
ordre. La relation de la vérité (de la raison) et de la foi a aussi été traitée récemment par le
pape (voir Raison et Religion). Mais la valeur des textes religieux est elle-même sujette à de nombreuses interprétations.
Car la méthode dogmatique est trompeuse. C'est toujours avec notre expérience du monde que
nous interprétons les textes. L'erreur fondamentale des négationnistes consiste à confondre
la méthode historique de validation, qui se fonde sur la critique des textes, avec la réalité, qui
peut être inconnaissable, mais qui ne dépend pas que des textes. Les textes peuvent être
détruits (volontairement ou non), comme dans le cas de la Shoah ; les textes peuvent être
absents (spécialement dans la période préhistorique, qui se définit justement par ce qui
précède l'écriture) ; les textes peuvent être biaisés ou faux (les historiens ayant pu eux-mêmes
contribuer à ces falsifications dans leur période hagiographique) ; les textes peuvent être
mythiques, légendaires ou symboliques. Dans tous les cas ils sont susceptibles
d'interprétations, mais cela n'enlève rien à la réalité d'un phénomène.
Dans le cas de la Shoah, l'absence (relative) de textes et les tentatives de démonstration des
négationnistes se heurtent aux témoignages. Il est dangereux et absurde de nier les
témoignages. D'abord parce que les textes eux-mêmes sont des témoignages. Une loi ou un
ordre écrit peuvent ne pas être exécutés, et un compte rendu écrit est ni plus ni moins subjectif
qu'un témoignage oral. De plus, comme l'avait démontré Jean Norton Cru (Du témoignage),
à propos du vécu de poilus au cours de la première guerre mondiale, un témoignage peut être trompeur sur un événement isolé, mais une expérience continue permet de se faire une idée exacte de la situation. L'état major peut avoir
une vision d'ensemble, mais une connaissance de la réalité du terrain est tout autant
nécessaire. L'expérience des camps de la seconde guerre mondiale mérite donc une prise en
considération des témoignages. Ceux qui n'en sont pas revenus témoignent eux-aussi par leur
absence même.
Les textes religieux eux-mêmes se présentent comme des témoignages (pour les chrétiens,
on parle d'Ancien et de Nouveau Testament (= Témoignage mal traduit). La critique textuelle
a établi que ces témoignages avaient été écrits plusieurs dizaines, voire centaines d'années
après les événements rapportés. Il en est de même de l'Islam, puisque Mahomet n'a donné
qu'un enseignement oral qui a été transcrit et codifié avec le même délai que le christianisme.
Une remise en cause des témoignages et des documents disponibles immédiatement après
la deuxième guerre mondiale généraliserait le doute.
De toute façon, au fond, personne ne doute vraiment de l'existence de génocides par les nazis.
Comment comprendre autrement la déclaration du chef de la diplomatie iranienne, Man
Ouchehr Mottaki, à l'ouverture même de la conférence, quand il a déclaré : « Ceux qui
prétendent être antinazis sont eux-mêmes des racistes et des colonialistes. Ce qu'ils ont fait
n'est pas différent des crimes nazis. » (Le Monde, 13/12/2006). Il est absurde de traiter les
Israéliens de nazis si c'est pour prétendre que les nazis n'ont rien fait de mal. C'est donc la
preuve, avouée d'entrée que la Shoah a existé et que la conférence était inutile.
Mythanalyse
Comme la critique ne suffit pas toujours et qu'une bonne leçon se doit de donner un exemple,
explicitons un peu l'analyse des mythes. Les universitaires pourraient l'appeler mytho-logie,
mais la confusion serait possible pour les étudiants inattentifs, et nous conserverons l'analyse
de mythes ou mythanalyse. En fait, la question de la vérité des mythes n'a pas vraiment
d'importance. Ce qui est important, c'est ce qu'on en comprend. D'où la validité culturelle et
cognitive possible des religions particulières qui peuvent être considérées comme un ensemble
de mythes, certains historiques, d'autres fictionnels. La lecture peut en être faite, par les
croyants comme par les athées, comme des paraboles dont la valeur de vérité n'a pas de
rapport avec leur réalité historique.
On peut se livrer au même traitement avec n'importe quel texte, historique ou fictif. Par
exemple, le conte d'Andersen, Les Habits neufs de l'empereur, n'est évidemment pas une histoire vraie (encore que parfois, on se demande...). Elle est bien comprise comme une leçon contre la crédulité, contre la vanité des
puissants, contre la soumission des courtisans, pour un scepticisme candide qui garde les
pieds sur terre (et un certain optimisme de croire qu'il sera récompensé). Le jeu culturel de
mythanalyse consiste ainsi à être capable de comprendre les sens de mythes qui ne sont pas
toujours explicites. En français, on résume justement cette histoire par la simple expression
elliptique « le roi est nu ! », qui convient bien à la situation qui nous occupe.
Quelle est donc la signification du mythe fondateur de l'État d'Israël (tel que défini ci-dessus) qu'est la Shoah ? Comme on l'a très justement répondu à Garaudy : dans un premier temps, les Israéliens étaient très rétifs à l'idée de
l'utilisation de cet événement fondateur, qui ne l'était donc pas. On ne peut plus dire que ce soit
le cas aujourd'hui. Comme je l'ai déjà dit (Les bienfaits de la colonisation), on a donc assisté en temps réel à la
constitution d'une mythologie, d'un mythe fondateur a posteriori ! Mais en fait, le fond de
l'histoire est un peu biaisé. Car c'était bien les persécutions antérieures, les pogroms et l'Affaire
Dreyfus par exemple, qui avaient motivé cette solution, et le choix de ce site, après avoir
envisagé plusieurs autres solution, dont la conversion de masse, et d'autres sites, en Ouganda
par exemple. L'idéologie nationale et nationaliste qui en a résulté est donc bien une construction dont le sens est littéralement que : les juifs ne doivent plus se laisser faire. C'est ce qui explique la réticence initiale face à la Shoah méprisée comme une sorte de résignation. Ce qui est injuste pour les victimes et supporte une autre interprétation (voir ci-dessous).
Toute la question est de savoir si, pour ne pas se laisser faire, on doit créer un Etat, en
particulier pour toutes les minorités régionales, linguistiques, politiques, religieuses, sexuelles,
ethniques, etc. Notons aussi que la critique négationniste des Iraniens peut aussi se
comprendre seulement comme une réserve qui dirait qu'on ne doit pas se laisser faire
(apparemment les Palestiniens ont aussi compris la leçon), mais jusqu'à un certain point. Ce
qui n'est pas faux, et c'est donc aussi valable pour tout le monde. Peut-être que la vraie leçon
est plutôt la nécessité de respect des droits humains par tous les États.
Il semble que cette réticence des Israéliens eux-mêmes, qu'on ne peut en principe pas soupçonner
d'antisémitisme (encore que de nos jours tout soit possible) pose la question de savoir pourquoi les
juifs se sont laissés amener à l'abattoir. Elle rejoint d'ailleurs la question de savoir si « on » savait
pour les camps d'extermination. Depuis quelques années [1], en France, une partie de l'opinion
semble affirmer qu'« on » savait, plutôt péremptoirement, à ceux qui semblent oser insinuer le
contraire. Cette affirmation se manifeste d'une façon un peu désagréable qui a un rapport avec notre
sujet. Il existe effectivement des documents qui montrent qu'il existait des témoignages d'évadés,
de résistants ou de réfractaires. Certains en tirent donc la conclusion qu'« on», c'est-à-dire tout le
monde, savait, ou que tout le monde pouvait savoir en s'en donnant la peine. Ceux qui affirment
qu'on ignorait semblent donc être mal informés, des pétainistes qui cherchent des excuses ou même des négationnistes.
Pourtant on connaît aussi la thèse selon laquelle le gouvernement américain, informé, aurait
considéré que l'information serait contre productive du fait de l'antisémitisme et de la propagande
nazie disant que c'étaient précisément les juifs qui souhaitaient la guerre. De plus, de nombreux
témoignages de personnes informées déclarent aussi qu'on ne voulait pas les croire. Une des
raisons étant d'ailleurs la propagande de la première guerre mondiale, parlant d'atrocités commises
par l'ennemi qui se sont révélées fausses. Le premier problème est donc simplement que certains
savaient (sans doute des informations parcellaires), mais que tout le monde ne savait pas. Dire qu'il
est faux que personne ne savait ne signifie pas que tout le monde était au courant. On
ajoutera d'ailleurs, que quand des publicitaires ont utilisé cet argument à propos des malheurs
actuels du monde : « on ne pourra pas dire qu'on ne savait pas ! », cela n'a pas déclenché la
mobilisation escomptée. Ce qui montre bien les limites des arguments intellectuels. Les images du
tsunami de 2004 ont été beaucoup plus efficaces.
La question se pose aussi de savoir à quel échelon de la hiérarchie ceux qui ont organisé la
déportation étaient au courant du fait qu'on envoyait les juifs à la mort, et non en camp de
concentration. Etait-ce au niveau du gouvernement, des fonctionnaires haut placés, de toute la
chaîne jusqu'au policier chargé des rafles ? Car les camps existaient aussi en France pour les
réfugiés de la guerre d'Espagne, pour les étrangers fuyant le nazisme. Il existait aussi des camps de
prisonniers militaires français et le STO en Allemagne. On parlait à l'époque (et longtemps après) de camps de concentration
et non d'extermination. La propagande affirmant qu'il s'agissait de camps
s'apparentant à un ghetto semble montrer que l'idée d'extermination n'était pas si évidente.
Par contre, il existe bien un argument qui peut montrer qu'« on » ne savait pas. Une question se pose en effet à ceux qui affirment précisément qu'« on » savait. S'ils savaient, pourquoi les juifs eux-mêmes se sont-ils laissés embarquer vers la mort, en amenant docilement leur famille ? Ce qui expliquerait la réticence israélienne si c'était le cas. Et précisément, cette relative docilité ou cette résignation, qui a commencé par le port de l'étoile jaune et la déclaration auprès des autorités, avait pour cause essentielle l'intégration et le civisme. C'est précisément par souci de ne pas s'opposer à des lois, par légalisme pour une bonne partie d'entre eux, par soumission aux lois pour les autres. Du fait même que d'aucuns remettaient en cause leur intégration, la plupart de juifs étaient soucieux de montrer qu'ils étaient de bons français. Alors certains peuvent toujours dire aujourd'hui qu'on avait lu Mein Kampf et qu'on savait. Je ne pense pas que cinq ou six millions de juifs sont allés à la mort en le sachant. Pas plus que je ne pense que l'ensemble des Français ou des autres peuples savait qu'on envoyait les juifs à la mort. La résistance et l'assistance envers les juifs a eu lieu alors même qu'on ne savait pas tout ce qui se passait. On peut espérer qu'elle aurait été encore plus forte si on avait su. Même si la résignation face aux drames du monde actuel n'incite pas forcément à le croire.
Universalisme concret
Toute cette histoire de négationnisme iranien, comme toutes les histoires donc, a valeur de parabole. Encore faut-il être
capable de la comprendre. Ou peut-être qu'il est un peu trop facile, en ce moment, de jeter la
pierre à l'Iran, selon le principe du dédouanement facile (voir Mistigrisation anti-Freche) ou celui des armes de destruction massives. Or, dans le même numéro du
Monde (13/12/2006) que celui où l'on trouve la citation du chef de la diplomatie iranienne, une
clef du problème semble bel et bien présente. Un certain Khaled Mahamid qui a créé dans son cabinet,
à Nazareth, un petit musée arabe de la Shoah, regrette de ne pas avoir eu un visa pour la
conférence où il avait pourtant été invité, pour en défendre la réalité. Il souligne cependant un
paradoxe : « Les juifs ne veulent pas nous expliquer le génocide, affirme-t-il : au mémorial de
Yad Vashem, à Jérusalem, il y a des documents dans toutes les langues... sauf en arabe ».
Outre un oubli caricatural, qu'un psychanalyste pourrait trouver significatif, toute la question
peut sans doute se réduire à une simple nécessité de communication. Il faudrait sans doute
passer de la psychanalyse (et de sa régression interminable) aux thérapies brèves.
En effet, le défaut essentiel de cet épisode iranien semble consister à penser que les
informations sont immédiatement universelles. Il ne faut pas croire que tous les peuples de la
planète ont été sensibilisés ou simplement informés des détails de l'histoire vus du côté
occidental. Si la centralité occidentale de la Shoah n'est pas perçue en Orient, c'est tout
simplement parce que cette question n'y est pas centrale. Elle ne fait simplement pas partie de
ses mythes fondateurs. D'autant que les peuples colonisés, à l'époque, n'avaient pas forcément
droit à la parole et étaient traités en citoyens de seconde zone par les puissances coloniales
(j'ai traité de cette question et de son lien avec la Shoah dans Les bienfaits de la colonisation). La rancoeur des anciens colonisés s'ajoutant à leur relative ignorance plus
ou moins de mauvaise foi pour des raisons partisanes me paraît mériter autre chose qu'une
condamnation de principe, comme dans le cas de l'Iran.
Ce processus de compréhension des histoires et des mythes ressemble beaucoup aux
déconvenues des autorités religieuses quand elles se livrent à des enquêtes sociologiques pour
évaluer les croyances réelles de leurs fidèles. La sociologie religieuse a montré le peu de
conformité des représentations populaires avec les dogmes officiels. Comme les religieux, les Occidentaux ou les intellectuels auraient tort de croire que les mythes occidentaux se diffusent
instantanément et fidèlement dans le monde ou dans les couches populaires occidentales elles-mêmes. D'autant que cette diffusion, comme pour les dogmes religieux, est forcément source
d'interprétations diverses. Une exigence de reproduction sans compréhension est sans doute
un signe de leur prochaine disparition (pour les mythes religieux comme pour les mythes
modernes).
Une condamnation du négationnisme iranien est tout aussi dogmatiquement religieuse que
celle des hérésies minoritaires ou populaires au nom d'une sorte d'incarnation du mal (ou d'un
empire du mal). Cette condamnation en devient risible quand elle a lieu au nom de la raison
(voire même au nom de l'union de la foi et de la raison comme dans le discours du pape). La
raison suppose une discussion et la diffusion des informations. Il est vrai que ce souci de
diffusion de l'éducation a été transformé récemment en stigmatisation de l'ignorance. Le cadre
dans lequel cette discussion peut avoir lieu ne peut être aujourd'hui que le multilatéralisme. A
moins qu'il ne s'agisse que de préparer les populations à la prochaine guerre. Dans ce cas, les
appels à la raison ne relèvent que de la rhétorique.
Jacques Bolo
Bibliographie
Jean Norton CRU Du témoignage, ed. Jean-Jacques Pauvert, Paris, 1967, 192 p.
ANDERSEN, Les habits neufs de l'empereur et autres récits
Roland BARTHES, Mythologies
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