Le 14 mars 2006 certains députés [1] de l'Assemblée nationale ont proposé une modification de la loi, au nom de la lutte contre le racisme anti-blanc, visant les paroles des chansons des rappeurs.
Désormais, ces derniers pourraient être condamnés pour complicité et incitation à la haine raciale
pour des actes commis par d'autres.
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« Exposé des motifs : « Un chanteur de RAP nommé « Monsieur R », diffuse sur son site
officiel un clip haineux et subversif d'une chanson intitulée : « FranSSe », assimilant la
France et les citoyens au IIIe Reich et ses troupes d'extermination. Dans son clip,
L'autorité Française est représentée par « Monsieur R » en gendarme ridiculisé. La France
est symbolisée par deux femmes européennes totalement nues : une blonde et une brune
aux allures d'actrices pornographiques se disputent le drapeau français et le transforment
en un accessoire d'exhibition, rampant sur le capot d'une voiture. Des scènes X cryptées
apparaissent dans le clip, au son du refrain : « La France est une garce, n'oublie pas de la
baiser jusqu'à l'épuiser, comme une salope il faut la traiter, mec ! » . Simultanément, de
jeunes caricatures urbaines adressent aux deux femmes sensées représenter la France et
ses citoyens des gestes sans ambiguïté. « Monsieur R », en plus de comparer la
décolonisation avec la politique d'Adolf Hitler, accable l'État français de tous les maux,
manipulant les images des forces militaires françaises en Côte d'Ivoire pour leurs donner
des accents de répression sanguinaire. Au refrain s'ajoutent d'autres paroles inacceptables
comme : « La France est une de ces putes de mères qui t'a enfanté » ou bien « Moi je pisse
sur Napoléon et leur Général De Gaulle » . « Monsieur R » introduit et conclut la chanson
sur une précision qui tente de nous faire accepter l'inacceptable : « Quand j'parle de la
France, je ne parle pas du peuple Français mais des dirigeants de l'État Français [écrit en
majuscule en référence à Vichy]... ».
« Mais « Monsieur R » est loin d'être le seul. De nombreux autres chanteurs ou groupes de
musique incitent sans ambiguïté au racisme, à la haine et à la violence dans leurs
chansons. On notera que ces incitations ne sont plus uniquement orientée contre les
français (« céfrancs » ou « gouers » ) définis par un critère juridique mais aussi contre les
blancs (« faces de craies » , « gringos » , « navets » , « toubabs » , « babtous » ...) répondant à
un critère purement racial. »
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Suivent des extraits de chansons du même tonneau des artistes suivants : Le groupe 113, Le
groupe Sniper, Salif, Ministère Amer, Smala, Expression Direkt, Fabe, Ménage à 3, Lunatic.
Les députés en question ont donc soumis au parlement la proposition de loi suivante :
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« PROPOSITION DE LOI. Article unique : La loi du 29 juillet 1881 sur la liberté de la
presse est ainsi modifiée :
« 1° Le premier alinéa de l'article 23 est ainsi rédigé : « Seront punis comme complices
d'une action qualifiée crime ou délit ceux qui, soit par des discours, cris ou menaces
proférés dans des lieux ou réunions publics, soit par des chansons, soit par des écrits
imprimés, dessins, gravures, peintures, emblèmes, images ou tout autre support de l'écrit,
de la parole ou de l'image vendus ou distribués, mis en vente ou exposés dans des lieux ou
réunions publics, soit par des placards ou des affiches exposées au grand public, soit par
tout moyen de communication au public par voie électronique, auront directement provoqué
l'auteur ou les auteurs à commettre ladite action, si la provocation a été suivie d'effet.
L'éventuelle forme artistique ou musicale de ce type d'action ne saurait exonérer ni
atténuer la responsabilité de son auteur ou de ses auteurs.
« 2° Le huitième alinéa de l'article 24 est ainsi rédigé : « Ceux qui par l'un des moyens
énoncés à l'article 23, auront provoqué à la discrimination, à la haine ou à la violence à
l'égard d'une personne ou d'un groupe de personnes, qu'il soit minoritaire ou majoritaire,
à raison de leur origine ou de leur appartenance ou de leur non appartenance à une ethnie,
une nation, une race ou une religion déterminée seront punis d'un an d'emprisonnement
et de 45 000 euros d'amende ou de l'une de ces deux peines seulement. »
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Les députés se sentaient obligés de réagir devant le laxisme des juges dans l'application de la loi
et devant l'inaction des associations antiracistes :
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« La loi, telle qu'elle est écrite, devrait être suffisante mais elle mérite d'être d'avantage
précisée. En effet, le juge semble ne pas la suivre à la lettre puisque les groupes mis en
cause sont systématiquement relaxés ou condamnés à des peines symboliques, voire même
jamais assignés en justice par le Ministère public. Des associations de protection contre le
racisme qui pourraient se porter partie civile, restent passives face au racisme anti-blanc.
Le MRAP cautionne même ces chanteurs sous prétexte d'exprimer une détresse sociale.
Alors que si les individus visés dans ces paroles avaient été des personnes de minorités
visibles, ces mêmes associations auraient porté plainte. Toute sorte de racisme est
condamnable, il n'en existe pas de plus légitime que d'autres. Le racisme n'est pas
simplement le fait d'une majorité envers des minorités, il peut aussi venir d'une minorité
envers une majorité. Quelles que soit leurs formes, les racismes s'entretiennent
mutuellement créant un climat de haine. »
« Manifestement, l'application de la loi se heurte à deux tabous : celui du racisme d'une
minorité vers une autre ou vers une majorité, alors qu'il est considéré d'abord comme
provenant d'une majorité sociale, religieuse ou ethnique à l'encontre d'une minorité ; celui
de l'alibi de la liberté de création artistique qui jusqu'à maintenant exonère les auteurs
d'incitations au racisme comme si une parole chantée ne pouvait pas être aussi dévastatrice
qu'une parole écrite ou parlée. »
« Cette proposition de loi lève ces tabous et précise que la loi réglementant la liberté de la
presse et, notamment, condamnant le racisme, ne souffre pas d'exception. »
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On ne saurait qu'applaudir à tant d'universalisme, encore que la défense des majorités contre les minorités ne soit pas si originale pour des parlementaires. J'ai déjà un peu traité la question du racisme anti-Blanc (voir « Racisme, Antisémitisme, Stéréotypes ») et celle de la défense des minorités (voir « Unicité et négationnisme »). Je n'y reviendrai donc pas.
Nous pouvons remarquer aussi que cette proposition de loi semble proposer une réponse à la question classique de la hiérarchie des oeuvres artistiques qui prend souvent la forme du sujet de dissertation de philosophie : « Y a-t-il
un progrès dans l'art ? ». Car, les parlementaires, habituellement soucieux d'histoire
et de tradition, semblent avoir été aveuglés par l'actualité immédiate. On va finir par penser que
cela devient une sorte de routine qui confine à la seconde nature, voire à l'essence même de la vie
parlementaire. Contrairement à certains (Alzheimer, je présume ?), j'ai une excellente mémoire.
Qu'il me soit permis de rappeler ces exemples de paroles de chansons profondément choquantes et franchement asociales. En la matière, preuve définitive à l'appui dans ce qui suit, il n'y a pas de progrès en art (ni en vie parlementaire).
Comme on pourra le constater, les précédents sont nombreux dans une période pourtant
récente. Le scandale n'en avait pas été moins grand à l'époque, on l'oublie quelquefois. On se
demandait parfois pourquoi. Mais maintenant, grâce à la vigilances des députés, on comprend mieux que nos prédécesseurs aient pu être choqués par les paroles ordurières et criminogènes, qui ont bercé notre jeunesse, dissimulées insidieusement derrière une
musique doucereuse qui nous apparaît aujourd'hui comme hypocritement traditionnelle (au point
qu'on en complimenterait presque les rappeurs de ne pas s'embarrasser de ces artifices sournois).
***
Georges Brassens est sans doute un des plus constant dans son hooliganisme pathologique. Dans
sa célèbre chanson Hécatombe, dès son premier album, en 1955, il décrit, assez sociologiquement
d'ailleurs – on peut le lui accorder –, le trait particulier de la mentalité française qui consiste à ne
pas apprécier les forces de l'ordre à leur juste valeur :
Hécatombe 1955 |
Au marché de Brive-la-Gaillarde, à propos de bottes d'oignons,
Quelques douzaines de gaillardes se crêpaient un jour le chignon.
A pied, à cheval, en voiture, les gendarmes, mal inspirés,
Vinrent pour tenter l'aventure d'interrompre l'échauffourée.
Or, sous tous les cieux, sans vergogne, c'est un usage bien établi,
Dès qu'il s'agit de rosser les cognes tout le monde se réconcilie.
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Mais il avoue immédiatement participer de ce penchant répréhensible, malgré une tolérance à son
égard qui étonne encore :
Hécatombe |
En voyant ces braves pandores être à deux doigts de succomber,
Moi je bichai, car je les adore sous la forme de macchabées.
De la mansarde où je réside, j'excitais les farouches bras
Des mégères gendarmicides, en criant : « Hip, hip, hip, hourra! »
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Il y ajoutera l'injure caractérisée envers les forces de l'ordre. Car on se doute bien que les
personnages de sa chanson ne portent pas seuls la responsabilité de ces paroles. Il était lui-même un
anarchiste notoire. D'ailleurs le dernier vers de sa chanson, par son absence de réalisme
physiologique, révèle bien le lâche subterfuge qui consiste à s'abriter derrière des personnages de
fiction :
Hécatombe |
Frénétique l'une d'elle attache le vieux maréchal des logis,
Et lui fait crier : « Mort aux vaches! Mort aux lois! Vive l'anarchie ! » [...]
Ces furies à peine si j'ose le dire tellement c'est bas,
Leur auraient même coupé les choses : par bonheur ils n'en avaient pas ! (bis)
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Cet homme est un pornographe (du phonographe), comme il l'avouera lui-même, dans un moment
de lucidité. Mais ce qu'il préconise comme comportement est bien une sexualité débridé, comme
celle qui eut lieu en 1968, à laquelle il fait allusion dans une autre de ses chansons :
Le boulevard du temps qui passe, 1976 |
Nous avons embrassé, goulus,
Leurs femmes qu'ils ne touchaient plus,
Nous avons fécondé leurs filles.
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Chanson qui n'est d'ailleurs qu'un médiocre plagiat de la chanson non moins célèbre d'un autre
anarchiste avéré, curé défroqué, Jacques Brel, qui insultait déjà les notables de province :
Les bourgeois
1962 |
Les bourgeois, c'est comme les cochons
Plus ça devient vieux, plus ça devient bête
Les bourgeois, c'est comme les cochons
Plus ça devient vieux, plus ça devient con
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Mais les chansons de Brassens prônant une sexualité sans retenue, tarifée, et sans souci des
mesures prophylactiques, sont plus que nombreuses. Après un aveux répugnant de sa dépravation totale, il se livre sans vergogne à l'apologie de la
prostitution (on peut lui passer que c'était fréquent à l'époque), accusant encore la police au passage :
Le bulletin de santé 1966 |
Si j'ai trahi les gros, les joufflus, les obèses,
C'est que je baise, que je baise, que je baise
Comme un bouc, un bélier, une bête, une brut',
Je suis hanté : le rut, le rut, le rut, le rut !
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La complainte des filles de joie 1962 |
Elles sont méprisées du public (bis)
Elles sont bousculées par les flics (bis)
Et menacées de la vérole / Parole, parole
Les sous, croyez pas qu'ell's les volent / Parole, parole
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Qu'on ne s'y trompe pas, ce qu'il décrit ensuite est ce qu'on appelle une tournante. Qu'on ne nous
dise pas que la victime était consentante :
Embrasse-les tous 1960 |
De Pierre à Paul, en passant par Jules et Félicien,
Embrasse-les tous, (Bis)
Dieu reconnaîtra le sien !
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La preuve ? La voilà :
Je suis un
voyou 1954 |
Puis, j'ai déchiré sa robe / Sans l'avoir voulu
Le Bon Dieu me le pardonne / Je n'y tenais plus !
Qu'il me pardonne ou non / D'ailleurs, je m'en fous
J'ai déjà mon âme en peine / Je suis un voyou
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En tout cas, la donzelle ne doit pas espérer le mariage. Pas question de fonder une famille.
La non-demande en mariage 1966 |
J'ai l'honneur de / Ne pas te de-... / mander ta main
Ne gravons pas / Nos noms au bas / D'un parchemin
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Et qu'on ne nous parle pas de libération sexuelle. Pour lui, elle avait des limites. Accordons-le lui. L'infâme ne rechignait pas à l'homophobie :
Les trompettes de la renommée 1962 |
Mais je ne sache pas que ça profite à ces drôles
De jouer le jeu d' l'amour en inversant les rôles,
Que ça confère à leur gloire une once de plus-value,
Le crime pédérastique, aujourd'hui, ne paie plus.
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Et le monstre finit par s'étonner d'avoir mauvaise réputation. Pas quand on laisse courir les
voleurs, mon petit monsieur :
La mauvaise réputation 1952 |
Quand j'croise un voleur malchanceux,
Poursuivi par un cul-terreux;
J'lance la patte et pourquoi le taire,
Le cul-terreux s'retrouv' par terre
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Ce laxisme est d'ailleurs une constante dans son oeuvre :
Les quatre bacheliers
1966 |
Pour offrir aux filles des fleurs, / Sans vergogne,
Nous nous fîmes un peu voleurs, / Un peu voleurs. [...]
On fit venir à la prison, / Sans vergogne,
Les parents des mauvais garçons, / Mauvais garçons. [...]
Le quatrième des parents, / Sans vergogne,
C'était le plus gros, le plus grand, / Le plus grand.[...]
Mais il n'a pas déclaré, non, / Sans vergogne,
Que l'on avait sali son nom, / Sali son nom.
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Et pour finir, on peut même le suspecter de collaboration pendant les années de guerre. Car,
planqué comme on le sait, il fut d'une coupable indulgence à l'égard de certaines qui se laissèrent
aller à des égarements internationalistes de la partie inférieure de leur anatomie. Sa charge contre
les glorieux résistants est au moins aussi lâche que ce qu'il l'avoue à son propos :
La tondue 1964 |
La belle qui couchait avec le roi de Prusse / Avec le roi de Prusse
A qui l'on a tondu le crâne rasibus / Le crâne rasibus. [...]
J'aurais dû prendre un peu parti pour sa toison / Parti pour sa toison
J'aurais dû dire un mot pour sauver son chignon / Pour sauver son chignon
Mais je n'ai par bougé du fond de ma torpeur / Du fond de ma torpeur
Les coupeurs de cheveux en quatre m'ont fait peur / En quatre m'ont fait
peur
|
Alors pourquoi s'étonner qu'il finisse sur le tard par s'avouer pédophilie (le croque-note, c'est lui)
comme son complice l'Abbé Pierre :
La princesse et le croque note 1972 |
Tu as treize ans, j'en ai trente qui sonnent [...]
Ya pas eu détournement de mineure
Le croque-note au matin de bonne heure
A l'anglaise a filé dans la charrette
Des chiffonniers en grattant sa guitare
Passant par là quelques vingt ans plus tard
Il a l'impression qu'il le regrette
|
Devant tant de bassesses, les députés pourraient presque lui pardonner cet autre péché véniel,
quand il se fait le chantre de la corruption et du népotisme, qu'il exalte dans sa chanson Les
copains d'abord.
***
Qu'on ne s'y trompe pas, Brassens n'est cependant pas le seul. Le pire de tous est sans doute Boris
Vian. Après une apologie de la violence contre les femmes :
Johnny Fais-moi mal 1955 |
Fais-moi mal Johnny, Johnny, Johnny,
Envole-moi au ciel... zoum!
Fais-moi mal, Johnny, Johnny, Johnny
Moi j'aime l'amour qui fait boum! [...]
Vas-y fais lui mal, Vas-y fais lui mal, Vas-y fais lui mal, Vas-y fais lui mal
|
Il refuse de porter les armes pour défendre notre glorieux Empire colonial, sous ses airs de sainte-nitouche pacifiste pour collégien.
Le déserteur
1954 |
Refusez d'obéir / Refusez de la faire
N'allez pas à la guerre / Refusez de partir [...]
Si vous me poursuivez / Prévenez vos gendarmes
Que je n'aurai pas d'armes / Et qu'ils pourront tirer
|
Celui là cache bien son jeu sous un pacifisme de façade. Car la version initiale des deux derniers vers
était :
Le déserteur |
Que je tiendrai une arme / Et que je sais tirer
|
On croit rêver : une autre de ses chansons prône rien de moins que le terrorisme nucléaire. En donnant même le
mode d'emploi d'un complot diabolique destiné à décapiter le leadership de toute la planète :
La Java des bombes atomiques 1955 |
Mon oncle un fameux bricoleur / Faisait en amateur / des bombes atomiques
Sans avoir jamais rien appris / C'était un vrai génie / Question travaux pratiques [...]
Pour fabriquer une bombe A, / Mes enfants croyez moi / C'est vraiment de la tarte
La question du détonateur / Se résout en 1/4 d'heure / C'est de celle qu'on écarte,
Pour fabriquer une bombe H, C'est pas beaucoup plus vache / Mais une chose me tourmente
C'est que celles de ma fabrication / N'ont qu'un rayon d'action / de 3m50 [...]
Voilà des mois et des années / Que j'essaye d'augmenter / La portée de ma bombe
Et je ne me suis pas rendu compte / Que la seule chose qui compte / C'est l'endroit où elle tombe. [...]
Sachant proche le résultat / Tous les grands chefs d'États / Lui ont rendu visite.
Il les reçu et s'excusa / De ce que sa cagna / Était aussi petite
Mais sitôt qu'ils sont tous entré / Il les a enfermé / En disant « Soyez sages »
Et quand la bombe a explosé / De tous ces personnages / Il n'est plus rien resté
|
***
Son complice Jean Ferrat, communiste impénitent, cède d'abord à l'apologie la repentance anticolonialiste dans une chanson en mémoire du terroriste précédent, décédé prématurément. Puis il ira même jusqu'à justifier le cannibalisme (!), et le terrorisme pour le seul plaisir... et « Pour voir si ça tuera les mythes (?) » du Grand soir, on suppose :
Pauvre Boris 1966 |
Voilà quinze ans qu'en Indochine / La France se déshonorait
Et l'on te traitait de vermine / De dire que tu n'irais jamais [...]
On va quitter ces pauvres mecs / Pour faire une java d'enfer
Manger la cervelle d'un évêque / Avec le foie d'un militaire
Faire sauter à la dynamite / La bourse avec le Panthéon
Pour voir si ça tuera les mythes / Qui nous dévorent tout du long
Pauvre Boris
|
Décédé, c'est à voir. Boris Vian, ingénieur de formation, opportunément évaporé, pourrait très bien
réapparaître un jour du côté de la Syrie par exemple, comme responsable d'un programme secret
d'armes de destructions massives.
***
Nous pouvons également verser au dossier accablant de cette tradition pourtant française deux
classiques (libres de droits) dont au moins un a fait le tour du monde, et qui ne valent pas mieux :
L'Internationale 1871
Paroles d'Eugène POTTIER
Musique de Pierre DEGEYTER
***
Debout ! les damnés de la terre !
Debout ! les forçats de la faim !
La raison tonne en son cratère,
C'est l'éruption de la faim
Du passé faisons table rase
Foule esclave, debout ! debout !
Le monde va changer de base,
Nous ne sommes rien, soyons tout !
C'est la lutte finale
Groupons nous et demain
L'Internationale
Sera le genre humain.
Il n'est pas de sauveurs suprêmes :
Ni dieu, ni césar, ni tribun.
Producteurs, sauvons-nous nous-mêmes !
Décrétons le salut commun !
Pour que le voleur rende gorge,
Pour tirer l'esprit du cachot
Soufflons nous-mêmes notre forge,
Battons le fer quand il est chaud !
C'est la lutte finale
Groupons nous et demain
L'Internationale
Sera le genre humain.
L'état opprime et la loi triche
L'impôt saigne le malheureux
Nul devoir ne s'impose au riche
Le droit du pauvre est un mot creux.
C'est assez languir en tutelle,
L'égalité veut d'autres lois :
Pas de droits sans devoirs, dit-elle,
Égaux, pas de devoirs sans droits !
C'est la lutte finale
Groupons nous et demain
L'Internationale
Sera le genre humain.
Hideux dans leur apothéose,
Les rois de la mine et du rail
Ont-ils jamais fait autre chose
Que dévaliser le travail ?
Dans les coffres-forts de la banque
Ce qu'il a créé s'est fondu.
En décrétant qu'on le lui rende
Le peuple ne veut que son dû.
C'est la lutte finale
Groupons nous et demain
L'Internationale
Sera le genre humain.
Les Rois nous saoûlaient de fumées.
Paix entre nous, guerre aux tyrans !
Appliquons la grève aux armées,
Crosse en l'air et rompons les rangs !
S'ils s'obstinent, ces cannibales,
A faire de nous des héros,
Ils sauront bientôt que nos balles
Sont pour nos propres généraux.
C'est la lutte finale
Groupons nous et demain
L'Internationale
Sera le genre humain.
Ouvriers, Paysans, nous sommes
Le grand parti des travailleurs !
La terre n'appartient qu'aux hommes,
Le riche ira loger ailleurs.
Combien de nos chairs se repaissent ?
Mais si les corbeaux, les vautours,
Un de ces matins disparaissent,
Le soleil brillera toujours !
C'est la lutte finale
Groupons nous et demain
L'Internationale
Sera le genre humain !
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Chanson du père DUCHESNE
Texte de 1892
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Né en nonante-deux, Nom de Dieu
Mon nom est père Duchesne
Né en nonante-deux, Nom de Dieu
Mon nom est père Duchesne
Marat fut un soyeux, Nom de Dieu
A qui lui porte haine, Sang Dieu
Je veux parler sans gêne, Nom de Dieu
Je veux parler sans gêne
Coquins filous peureux, Nom de Dieu
Vous m'appelez canaille...
Dès que j'ouvre les yeux, Nom de Dieu
Jusqu'au soir je travaille, Sang Dieu
Et je couch' sur la paille, Nom de Dieu...
Et je couch' sur la paille
On nous promet les cieux, Nom de Dieu
Pour toute récompense...
Tandis que ces messieurs, Nom de Dieu
S'arrondissent la panse, Sang Dieu
Nous crevons d'abstinence, Nom de Dieu...
Nous crevons d'abstinence
Quand ils t'appellent gueux, Nom de Dieu
Sus à leur équipage...
Un pied sur le moyeu, Nom de Dieu
Pour venger cet outrage, Sang Dieu
Crache leur au visage, Nom de Dieu...
Crache leur au visage
Si tu veux être heureux, Nom de Dieu
Pends ton propriétaire...
Coupe les curés en deux, Nom de Dieu
Fous les églises par terre, Sang Dieu
Et l'bon dieu dans la merde, Nom de Dieu...
Et l'bon dieu dans la merde
Peuple trop oublieux, Nom de Dieu
Si jamais tu te lèves...
Ne sois pas généreux, Nom de Dieu
Patrons bourgeois et prêtres, Sang Dieu
Méritent la lanterne, Nom de Dieu...
Méritent la lanterne
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***
Laissons cependant le dernier mot à celui qui le mérite le plus par sa constance anti-sociale. A un
tel point que cette tendance lui donne parfois, dans une transe sans doute, une inspiration
troublante de prophétisme (de malheur) qui risque de lui faire prendre, les siècles prochains, le rôle de Nostradamus, auprès des amateurs de sornettes :
Le Roi des
cons |
Il est possible au demeurant / Qu'on déloge le Shah d'Iran [...]
Qu'en Abyssinie on récuse / Le Roi des Rois le bon Négus [...]
Que sur un air de fandango / On congédie le vieux Franco [...]
Que la couronne d'Angleterre / Ce soir, demain, roule par terre [...]
Que ça c'est vu dans le passé / Marianne soit renversée [...]
Mais il y a peu de chances qu'on / Détrône le Roi des cons
|
A moins qu'il ne s'agisse de la diffusion habile du programme d'un complot d'ampleur universelle. On
en vient d'ailleurs à se demander si l'avant-dernier vers n'est pas en train de se
réaliser.
***
Je suggère donc d'envisager des mesures répressives les plus féroces qui permettraient au passage
de remplir les caisses de l'État en s'attaquant là où ça fait mal. Les super-profits accumulés depuis
des décennies par les maisons de disque en profitant de notre crédulité et de notre bienveillance
blâmable n'auront pas été soustraits en vain aux générations successives.
J'invite les lecteurs de cette chronique de me signaler les autres contrevenants. J'ai seulement cité
de mémoire ceux qui avaient insidieusement bercé ma jeunesse que je reconnais coupable et à qui
je dois sans doute une grande part de mon mauvais esprit – dont les manifestations sur Exergue doivent
donc être perçue sous le seul angle de l'anamnèse contrite. Ces dénonciations en forme d'aveux de
culpabilité publics pourront être considérées, le cas échéant, comme la meilleure preuve de repentir par les
autorités compétentes.
*** Pour les confessions publiques, une seule adresse :
mail@exergue.com ***
Jacques Bolo
Discographie
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Notes
1. Enregistré à la Présidence de l'Assemblée nationale le 14 mars 2006. Proposition de loi tendant à renforcer le contrôle des provocations à la discrimination, à la haine ou à la violence. Présentée par les députés MM. François GROSDIDIER,
Jean-Claude ABRIOUX, Jean AUCLAIR, Patrick BEAUDOUIN, Jean-Louis BERNARD, André BERTHOL, Jean-Michel
BERTRAND, Mme Véronique BESSE, MM. Jean-Yves BESSELAT, Jean-Marie BINETRUY, Étienne BLANC, Bruno
BOURG-BROC, Philippe BRIAND, Bernard CARAYON, Antoine CARRÉ, Roland CHASSAIN, Philippe COCHET, Louis
COSYNS, Édouard COURTIAL, Yves COUSSAIN, Charles COVA, Olivier DASSAULT, Jean-Pierre DECOOL, Bernard
DEFLESSELLES, Lucien DEGAUCHY, Bernard DEPIERRE, Léonce DEPREZ, Jean-Jacques DESCAMPS, Michel
DIEFENBACHER, Jacques DOMERGUE, Philippe DUBOURG, Gérard DUBRAC, Nicolas DUPONT-AIGNAN, Jean-Michel
FERRAND, Mme Arlette FRANCO, MM. Jean-Jacques GAULTIER, Franck GILARD, Charles-Ange GINESY, Louis
GUÉDON, Jean-Claude GUIBAL, François GUILLAUME, Gérard HAMEL, Michel HEINRICH, Michel HERBILLON, Pierre
HÉRIAUD, Francis HILLMEYER, Denis JACQUAT, Édouard JACQUE, Mme Maryse JOISSAINS-MASINI, MM. Pierre
LANG, Thierry LAZARO, Jean-Marc LEFRANC, Marc LE FUR, Lionnel LUCA, Richard MALLIÉ, Alain MARLEIX, Alain
MARSAUD, Jean MARSAUDON, Mme Henriette MARTINEZ, MM. Christian MÉNARD, Gilbert MEYER, Jean-Claude
MIGNON, Pierre MORANGE, Mme Nadine MORANO, MM. Étienne MOURRUT, Jacques MYARD, Jean-Pierre NICOLAS,
Jean-Marc NUDANT, Mme Josette PONS, MM. Didier QUENTIN, Michel RAISON, Éric RAOULT, Frédéric REISS,
Jean-Luc REITZER, Jacques REMILLER, Jérôme RIVIÈRE, Jean ROATTA, Camille de ROCCA SERRA, Jean-Marie
ROLLAND, Jean-Marc ROUBAUD, Michel ROUMEGOUX, Francis SAINT-LÉGER, André SCHNEIDER, Daniel SPAGNOU,
Mme Michèle TABAROT, M. Michel TERROT, Mme Irène THARIN, MM. Léon VACHET, François-Xavier VILLAIN, Philippe
VITEL et Michel VOISIN [Retour]
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