Cette série joue sur l'opposition entre l'Île périphérique de Jéju, au sud de la Corée, et la capitale Séoul. Le destin différent des deux personnages principaux est annoncé dès le début, dans un flash-back sur un concours qui a eu lieu dans leur jeunesse. Le garçon, CHO Yong-pil, veut rester au pays dans son île de Jéju où sa mère était une des fameuses haenyos, plongeuses en apnée, décédée au cours de son enfance. Sa voisine d'alors, CHO Sam-dal, veut réussir à Séoul, ce qui se produit quand elle devient une photographe de mode célèbre, sous le pseudo de CHO Eun-hye.
D'emblée, la série commence par un esclandre quand Eun-hye se venge en public de son petit ami. Immédiatement après, son assistante, qu'elle ne considère pas comme assez expérimentée, l'accuse de harcèlement et d'agression et la presse à scandale se déchaîne contre Eun-hye. La presse coréenne est régulièrement montrée comme équivalente aux tabloïds anglais.
Bien que considérée comme une professionnelle respectée, Eun-hye refuse d'affronter cette crise et préfère retourner à Samdal-ri chez sa mère, avec sa sœur divorcée qui vivait à ses côtés. Elle va forcément être confrontée à son ami Yong-pil, météorologue local très qualifié, il vit chez son père dont la maison est située juste en face de celle des parents de Sam-dal/Eun-hye. Au pays, elle retrouve son prénom auprès de sa famille et ses anciens amis.
S'en suit une situation de vaudeville accentuée au cours des retrouvailles avec ses amis d'enfance, les parents des uns et des autres, la bande de haenyos dont la mère de Sam-dal est la leader, les collègues de travail de Yong-pil qui le poussent à accepter une promotion à la capitale, et l'ex-mari de la sœur de Sam-dal qui n'arrive pas à l'oublier.
On apprend (évidemment) que Sam-dal et Yong-pil ont été ensemble, mais qu'elle a rompu. On découvrira pourquoi plus tard et ce sera l'argument principal dramatique de la série. L'intrigue permet de justifier les nombreux flash-back, sur le départ à Séoul ou leur enfance, qui permettront d'expliquer progressivement les mystères et les drames que cachent leurs relations compliquées.
Peut-être que l'opposition Séoul/Jéju est beaucoup trop appuyée sur le principe des comédies campagnardes (mode Pagnol), dans un mélange des genres qui n'assume pas complètement le comique (paysan). D'autant que leur situation à Jéju est plutôt celle d'une banlieue dont on trouve l'équivalent dans les environs de Séoul.
Les flash-back deviennent de plus en plus nombreux à mesure que l'intrigue se complique par de nouveaux éléments, intercalés dans l'intrigue principale sous forme de patchwork. Certains sont même repris pour qu'on ne perde pas le fil. C'est l'inconvénient des séries avec une seule histoire. Il n'y a pourtant que six épisodes (certes de plus d'une heure).
Comme beaucoup de séries coréennes, tout est décidément construit sur l'importance de la pression sociale, qu'il s'agisse des commérages ou des interventions de l'entourage dans les relations privées, sans parler de la presse à scandale qui ne se soucie absolument pas de la vérité, mais surtout de l'exigence affichée du respect de normes familiales et patriarcales rigides. Ce qui semble montrer le discrédit de la piété filiale confucéenne envahissante qui complique l'existence en niant l'individualité. L'audience des séries peut régulièrement constater que ces contraintes ne sont finalement pas très réalistes.
Les acteurs sont excellents, avec des personnages secondaires qui permettent de profiter de nombreux numéros d'acteurs très réussis dans le registre excessif vaudevillesque, du fait des nombreuses intrigues secondaires. Ne pas dire les choses franchement est un ressort fréquent qui provoque l'essentiel des rebondissements, comme dans pas mal de fictions françaises. Il faut bien dire que les personnages sont tous complètement cinglés (à moins que ce ne soit tous les Coréens).
Le résultat final est très plaisant, même s'il aurait été possible de faire des épisodes plus courts en éliminant de nombreuses complications superflues pour tenir seize épisodes. Après la moitié des épisodes, on se demande souvent ce que les scénaristes vont pouvoir inventer pour continuer la série. On a aussi droit aux inévitables séquences romantiques au ralenti sur fond musical des dramas coréens. Sinon, les acteurs n'ont pas peur de se donner à fond. Ce qui est assez réjouissant.
Jacques Bolo
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