La COP-27, conférence sur le changement climatique qui s'est tenue du 6 au 18 novembre à Charm el-Cheikh, en Égypte, n'a pas donné de grands résultats. Le fait qu'on en soit à la vingt-septième est un indice de l'inefficacité, mais surtout, spécialement après les habitudes prises pendant les épisodes de confinement Covid-19, on aurait pu adopter le principe de la visioconférence pour ce genre d'événements.
Aucun vrai engagement n'a été acté. On s'est félicité cette fois que des financements aient quand même été prévus pour aider les pays les moins avancés (pauvres) et les zones insulaires concernées par la montée des eaux. Le problème général concerne plutôt mes doutes sur l'honnêteté générale de tout ce qui se rapporte aux investissements publics et internationaux. Soit ils ne sont pas entrepris pour ménager les intérêts locaux ou nationaux, soit ils constituent des fromages qui entretiennent la corruption ou, au mieux, une armée de parasites qui jouent les mouches du coche.
L'inefficacité de ces conférences pour le climat est justement un indicateur du fonctionnement de l'économie réelle. Les intérêts particuliers qui se greffent sur les investissements sont dans l'ordre des choses. Mais l'inaction climatique signifie simplement qu'on ne peut pas changer de système économique à la demande. De toute façon, sur ce sujet, il existe surtout une inertie climatique qui contredit les incantations écologiques. Les scientifiques commencent à admettre que l'objectif de limitation de la hausse des températures à 1,5°C ne sera pas tenu.
Il faut effectivement tenir compte de l'expérience récente majeure de désorganisation logistique due à la pandémie de Covid-19 en 2020-2021 et des pénuries d'énergie dues à la guerre d'Ukraine en 2022. Ces ruptures montrent que l'économie mondiale dépend absolument de certaines contraintes. On ne change pas l'économie par décret.
Les justifications politiques des sanctions de l'UE contre la Russie, quand elles récupèrent les arguments écologiques sur le climat, discréditent la politique et l'écologie. Dans mon article de septembre dernier, « Sobriété et Abondance », je parlais du redémarrage des centrales à charbon et de l'importation du gaz de schiste américain comme conséquence de ces décisions. L'argument de la sobriété concerne surtout le délai d'équipement permettant de changer de fournisseurs. Cela ne vaut pas mieux que les excès inflationnistes des marchés qu'on finance par des subventions pour maintenir le niveau de consommation d'énergie. On ne veut pas prendre de risque social, car la crise des gilets jaunes est passée par là. D'ailleurs, on vise à faire repartir rapidement la consommation avec des Black Friday et la perspective des fêtes de fin d'année. La sobriété n'est au programme nulle part. Les économies de bout de chandelle que les médias ont trouvé comme nouvelle rengaine auront donc la conséquence de permettre d'autres dépenses (éventuellement plus énergivores) !
La règle est simple : s'il y a une pénurie, la solution est le rationnement. Sinon, on rationne les pays (les moins avancés) qui ne peuvent pas suivre l'augmentation des prix. Les pays avancés (riches) renforcent l'inflation en maintenant la demande. Cette richesse est relative : le risque est de financer ces relances par un endettement. Les interventions des états entretiennent des bulles économiques qui profitent à certains. On peut supposer que ce sont ceux qui les réclament, qu'il s'agisse d'intérêts nationaux, privés ou particuliers.
On peut observer sur pièce l'illustration de ces intérêts. Je disais, dans l'article mentionné, que « le paradoxe de cette guerre d'Ukraine et de son financement (par l'Occident pour le côté ukrainien) est que ça commence à ressembler au montant qu'il aurait fallu consacrer à la transition énergétique. » Ces montants ne seront pas perdus pour tout le monde. Le vrai bilan de l'année 2022 est l'échec de l'intervention russe en Ukraine. Cela a révélé une faiblesse de l'armée russe que les commentateurs croyaient pourtant très supérieure au début. Du coup, on peut interpréter l'aide internationale comme la démonstration grandeur nature d'un salon professionnel de vendeurs de matériel militaire. Le résultat est que la Russie va régresser dans la hiérarchie mondiale des ventes d'armes. D'autant qu'elle a été obligée d'en acheter elle-même à des pays tiers. Le matériel lourd mis en œuvre sur le terrain avec succès, et le marketing médiatique constaté, va rapidement faire un tabac sur les futurs marchés. Ça devrait compenser les échantillons gratuits offerts à l'Ukraine.
Soyons positifs : le marché suivant sera de reconstruire l'Ukraine en tenant compte de la transition énergétique...
Jacques Bolo
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