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Politique - Décembre 2016

L'échec d'Hillary Clinton

Résumé

La défaite d'Hillary Clinton n'a dépendu que des swing states (ou de la présence de la candidate écologiste). Mais Clinton n'aurait surtout pas dû être candidate.

Donald Trump est finalement devenu le quarante-cinquième président américain, contrairement aux prévisions des médias et des politologues qui donnaient Hillary Clinton gagnante, parfois avec une avance confortable. Les partisans de Trump qui critiquent les élites médiatiques en ont d'autant plus jubilé. Pourtant, après leur victoire, il est apparu progressivement que Clinton avait presque un million de voix supplémentaires, puis presque deux millions et finalement presque trois millions (2.868.519) de plus que Trump. La victoire des républicains se résume banalement à un problème de découpage électoral selon le système des délégués par état.

On notera au passage que les résultats ont mis plus de trois ou quatre semaines, voire plus, pour révéler ces écarts : le perdant étant supposé admettre sa défaite sans connaître son score réel. Et il semble, selon la presse, que les résultats finaux ne soient réellement connus aux États-Unis que plusieurs mois après les élections au moment où le nouveau président est déjà intronisé. On se dit avec étonnement que cela relève de pratiques de républiques bananières, outre les magouilles habituelles pour empêcher de voter les Noirs et les pauvres, supposés partisans des démocrates, par des exigences d'identifications (légitimes en elles-mêmes, mais dans un pays sans carte d'identité avec photo), par un faible nombre de bureaux de vote mal répartis, et divers empêchements (qu'on peut penser issus de la tradition anti-abolitionniste), sans parler des fraudes classiques ou des problèmes du vote électronique, comme au cours du vote Bush contre Gore en Floride de 2000.

Après coup, les sondages ont révélé que c'étaient bien les plus riches qui avaient voté Trump. Ce qui a permis aux partisans de Clinton (outre les voix supplémentaires) de revendiquer « le vote populaire », parce qu'ils semblent oublier leur souci des fameuses « classes moyennes » avec lesquelles on nous bassinait tout au long de la longue campagne américaine. En fait, ces classes moyennes correspondent bien à des riches (anciens « petits-bourgeois » des marxistes). Mais on apprend aussi que la majorité des femmes blanches ont voté Trump, contrairement aux espoirs de la stratégie prétendument féministe de Clinton. Bref, la banale réalité est plutôt que les républicains ont voté Trump et les démocrates Clinton, comme d'habitude.

Les démocrates ont donc bien eu plus de voix, mais ça n'a pas suffi. Les grands électeurs fonctionnent sur le principe du « winner takes all » par état (sauf celui du Maine) qui donne la totalité des délégués de l'état au candidat arrivé en tête. Le système fonctionne comme si le Président était élu indépendamment dans chaque état, avec l'inconvénient qu'il semble être seulement le président de certains états (Trump du Texas, Clinton de la Californie, par exemple). Cela signifie que les États-Unis sont avant tout une fédération d'états souverains et non un vrai pays. J'ai montré que, contrairement à ce que disent les souverainistes, l'Union européenne fonctionnait aussi selon ce système, avec simplement une sur-représentation des petits pays (voir « Une personne, une voix »). L'UE est donc déjà un état fédéral, à l'américaine, contrairement à ce que les partisans du fédéralisme imaginent que le fédéralisme pourrait être.

Concrètement, pour ces présidentielles américaines 2016, le résultat correspond simplement au fait que la majorité des swing states (états tangents) démocrates a basculé de peu dans le camp républicain. Contrairement au complotisme anti-élites, cela suffit à expliquer les fausses prédictions des sondeurs. Prévoir le résultat final n'était pas évident puisque l'écart est inférieur à la marge d'erreur. Car, en cas d'égalité, les statisticiens favorisent les sortants. C'est ça leur véritable mauvaise habitude.

Swing states aux faibles écarts Délégués Votants Écart Écart % Clinton Trump Johnson Stein Autres
C T
Michigan 0 16 4.824.542 10.704 0,22% 47,03% 47,25% 3,57% 1,07% 1,08%
New Hampshire 4 0 744.296 2.736 0,37% 46,83% 46,46% 4,14% 0,87% 1,71%
Pennsylvanie 0 20 6.166.710 44.292 0,72% 47,46% 48,17% 2,38% 0,81% 1,18%
Wisconsin 0 10 2.976.150 22.748 0,76% 46,45% 47,22% 3,58% 1,04% 1,70%
Floride 0 29 9.502.955 112.911 1,19% 47,41% 48,59% 2,18% 0,68% 1,14%
Source : http://uselectiondata.org, mise à jour des résultats février 2017

Le résultat final en délégués est 304 pour Trump contre 227 pour Clinton (et 7 pour « autre candidat », car certains délégués n'ont voté ni pour Trump ni pour Clinton). Avec le système actuel, le résultat aurait donc bien pu s'inverser de 46 (sans la Floride) ou 75 (avec), soit 304-46=258 pour Trump et 227+46=273 pour Clinton ou 304-75=229/227+75=302 au profit de Clinton. L'erreur des sondeurs est donc compréhensible. Remarquons que comme pour les voix de Ralph Nader contre Gore en 2004, les voix de l'écologiste Jill Stein suffisaient à faire basculer le Michigan, la Pennsylvanie, et le Wisconsin pour les démocrates. On n'en a pas beaucoup parlé.

Par contre, en conservant le principe du vote par état, si les grands électeurs étaient désignés à la proportionnelle (plus ou moins comme dans le Maine actuellement) au lieu du principe « the winner takes all », cela aboutirait quand même à une victoire de Trump ! La différence n'est que de cinq voix. Il existe une incertitude sur le report du vote « autres candidats » (et du fait qu'il pourrait y avoir une prime majoritaire différente de celle que j'ai utilisée pour trancher certains cas). Et, évidemment, les résultats auraient pu être différents avec cet autre mode de scrutin en fonction du type de campagne, du fait que la campagne actuelle s'est trop concentrée sur certains états, pourtant perdus quand même par les démocrates.

              
État (classés par écart croissant) Délégués actuels Écart Clinton Trump Johnson Autres Délégués à la proportionnelle
Clinton Trump Autres C T A
Michigan  16   0,22% 47,03% 47,25% 3,57% 2,15% 8 8  
New Hampshire 4     0,37% 46,83% 46,46% 4,14% 2,58% 2 2  
Pennsylvanie   20   0,72% 47,46% 48,17% 2,38% 1,99% 10 10  
Wisconsin   10   0,76% 46,45% 47,22% 3,58% 2,74% 5 5  
Floride  29   1,19% 47,41% 48,60% 2,18% 1,81% 14 15  
Minnesota 10     1,51% 46,44% 44,93% 3,84% 4,79% 5 5  
Nevada 6     2,42% 47,92% 45,50% 3,32% 3,26% 3 3  
Maine 3 1   2,96% 47,83% 44,87% 5,09% 2,21% 2 2  
Arizona   11   3,50% 44,58% 48,08% 4,08% 3,25% 5 6  
Caroline du nord   15   3,66% 46,17% 49,83% 2,74% 1,25% 7 8  
Colorado 9     4,91% 48,16% 43,25% 5,18% 3,41% 5 4  
Géorgie   16   5,10% 45,35% 50,44% 3,03% 1,18% 7 9  
Virginie 13     5,32% 49,75% 44,43% 2,97% 2,85% 7 6  
Ohio   18   8,07% 43,24% 51,31% 3,15% 2,29% 8 10  
Nouveau Mexique 5     8,21% 48,26% 40,04% 9,34% 2,36% 3 2  
Texas   36 2 9,00% 43,24% 52,23% 3,16% 1,37% 16 21 1
Iowa   6   9,41% 41,74% 51,15% 3,78% 3,33% 2 4  
Oregon   7   10,98% 50,07% 39,09% 4,71% 6,13% 4 3  
Delaware 3     11,37% 53,09% 41,71% 3,33% 1,88% 2 1  
Connecticut 7     13,64% 54,57% 40,93% 2,96% 1,55% 4 3  
New Jersey   14   13,98% 54,99% 41,00% 1,86% 2,15% 8 6  
Caroline du sud   9   14,27% 40,67% 54,94% 2,34% 2,05% 4 5  
Alaska   3   14,73% 36,55% 51,28% 5,88% 6,29% 1 2  
Rhode Island 4     15,51% 54,41% 38,90% 3,18% 3,52% 3 1  
Washington 8   4 15,71% 52,54% 36,83% 4,85% 5,78% 7 5  
Illinois 20     16,89% 55,25% 38,36% 3,75% 2,65% 12 8  
Mississippi   6   17,80% 40,06% 57,86% 1,19% 0,89% 2 4  
Utah   6   17,89% 27,17% 45,05% 3,46% 24,32% 1 1 1
Missouri   10   18,51% 37,88% 56,39% 3,44% 2,29% 4 6  
Indiana   11   19,01% 37,46% 56,47% 4,86% 1,21% 4 7  
Louisiane   8   19,64% 38,45% 58,09% 1,87% 1,59% 3 5  
Montana   3   20,23% 35,41% 55,65% 5,59% 3,35% 1 2  
Kansas   6   20,42% 35,74% 56,16% 4,64% 3,46% 2 4  
New York 29     22,49% 59,01% 36,52% 2,29% 2,19% 18 11  
Nebraska   5   25,05% 33,70% 58,75% 4,61% 2,94% 2 3  
Tennessee   11   26,01% 34,72% 60,72% 2,81% 1,75% 4 7  
Vermont 3     26,41% 56,68% 30,27% 3,20% 9,85% 2 1  
Maryland 10     26,42% 60,33% 33,91% 2,86% 2,90% 6 4  
Arkansas   6   26,92% 33,65% 60,57% 2,64% 3,13% 2 4  
Massachusetts 11     27,20% 60,01% 32,81% 4,15% 3,04% 7 4  
Alabama   9   27,73% 34,36% 62,08% 2,09% 1,46% 3 6  
Dakota du sud   3   29,79% 31,74% 61,53% 5,63% 1,10% 1 2  
Kentucky   8   29,84% 32,68% 62,52% 2,79% 2,00% 3 5  
Californie 55     29,99% 61,48% 31,49% 3,36% 3,66% 34 18 3
Idaho   4   31,76% 27,48% 59,25% 4,10% 9,17% 1 3  
Hawaii 3   1 32,18% 62,22% 30,04% 3,72% 4,02% 3 1  
Dakota du nord   3   35,73% 27,23% 62,96% 6,22% 3,59% 1 2  
Oklahoma   7   36,39% 28,93% 65,32% 5,75% 0,00% 2 5  
West Virginia   5   41,68% 26,18% 67,85% 3,19% 2,78% 1 4  
Wyoming   3   46,30% 21,88% 68,17% 5,19% 4,76%   3  
District Columbia 3     86,78% 90,86% 4,09% 1,58% 3,47% 3    
Total 227 304 7 2,09% 48,03% 45,94% 3,27% 2,75% 264 269 5
Source : http://uselectiondata.org, mise à jour des résultats février 2017
Les chiffres en rouge sont mon hypothèse personnelle

Gloses journalistiques

Le cas Trump a suscité beaucoup de débats. Mais en tout état de cause, la réalité du vote est que les électeurs, en votant pour Trump, ont considéré qu'il était bel et bien le candidat du Parti républicain, de même que les démocrates partisans de Sanders ont considéré que Clinton était leur candidate. Dans les deux cas, on peut admettre que c'est d'abord contre le candidat de l'autre camp que les électeurs se sont mobilisés. Mais cela revient bien à dire que le bipartisme domine les élections américaines comme explication principale.

On a aussi dit que Trump avait été élu par les racistes ou, selon le slogan militant américain, « les mâles blancs machos et racistes ». Sur cette question, il serait plus exact de dire que c'est un vote banal de « petits blancs » en général, puisqu'il existe évidemment des femmes racistes. Mais ce n'est pas nécessaire de dramatiser non plus, car il faut bien reconnaître que ce type de stratégie (surtout féministe), utilisée par Clinton, n'a pas marché. Comme on a pu le constater, la tentative de discrédit de Trump auprès de ces groupes spécifiques n'a pas empêché certains Latinos surtout, puisqu'ils étaient tout particulièrement visés par le candidat républicain, ni une majorité de femmes blanches, ni une minorité de Noirs de voter pour lui. La campagne de Trump a choqué beaucoup de républicains et fâché ses adversaires des primaires. Mais au final, sauf à admettre qu'il a mobilisé beaucoup de nouveaux électeurs qui s'abstenaient, tandis qu'une partie des républicains votaient Clinton ou s'abstenaient (tandis qu'il y aurait une abstention éventuelle d'une partie des partisans de Bernie Sanders fâchés aussi par Clinton), on se retrouve plus ou moins à 50/50, comme d'habitude. Il faut donc en déduire que la campagne électorale a réussi à boucher les trous éventuels de part et d'autre.

La motivation raciste possible est plus ancienne. Elle date bien sûr de l'élection et de la réélection d'Obama en 2008 et 2012, qui ne pouvaient que susciter un réveil de l'Amérique raciste ou plus généralement de l'extrême droite, chaque fois que le parti démocrate est élu (on l'a vu pour la gauche en France depuis 1981). Le racisme ne sert qu'à exacerber les choses. L'élection d'un Noir à la présidence des États-Unis était un événement historique qui avait mérité un prix Nobel (comme je l'ai souligné). Son mandat a beaucoup déçu ceux qui se faisaient des illusions, même si Obama a dû subir la perte de la majorité au Congrès, ce qui a paralysé son action. Sa stratégie conciliatrice envers ses adversaires, dès son arrivée au pouvoir, n'a donné aucun résultat. On sait que l'effet de cette méthode conduit généralement à être considéré comme un faible. Ce qui galvanise les lâches.

Il faut aussi noter que le racisme des petits blancs et des blue collars avait été utilisé par Hillary Clinton elle-même dans ses primaires contre Obama en 2008. Cette fois-ci, on se dit que les Noirs ont la mémoire courte ou que leurs leaders ont été achetés par le clan Clinton. Il faudrait que les démocrates soient un peu plus réglo sur cette question et qu'ils cessent de considérer les Noirs et certaines minorités comme des publics captifs. C'est le problème général de la gauche.

Mais la réalité du racisme actuel, spécialement dans la mesure où les discriminations sont statistiques et non légales, signifie simplement que les petits-blancs essaient de profiter des mauvaises habitudes, tant que c'est possible. On peut facilement en comprendre le principe réel par le vote latino ou féminin malgré les insultes outrancières de Trump. La plupart des gens n'ont pas besoin d'être racistes. Il leur suffit de profiter de l'exclusion de certains par les vrais racistes, en se trouvant dans une partie un peu moins discriminée pour une raison ou pour une autre. Un Latino peut bénéficier de l'exclusion des Noirs, une femme de celle d'un Latino, un Noir riche d'un ouvrier blanc, de même que tous les habitants des pays développés profitent de l'écart avec les pays pauvres. Comme le savent les sociologues américains, le jeu social réel consiste surtout d'éviter d'être le dernier. Les vrais racistes sont simplement des activistes qui bénéficient de la tolérance des politiques pour services rendus, car les militants extrémistes constituent les minorités actives qui font pencher la balance. Mais ça peut effectivement dégénérer s'ils se croient tout permis, ce qui risque d'être le cas s'ils ne sont pas remis au pas par un recentrage du nouvel élu.

La vraie nature du vote Trump, en général, est plutôt à chercher dans le personnage qu'il affiche. Rien de plus. C'est un milliardaire enrichi dans l'immobilier, il s'est fait connaître du grand public par des émissions de jeu télévisé, c'est une grande gueule. On se situe entre Berlusconi et Tapie. Ce n'est pas la peine de lui chercher des poux en essayant de le discréditer sur chaque point. On voit bien que cette stratégie mesquine (attaquer un adversaire politique quelconque sur ses travers) ne marche pas bien. Elle sert simplement à faire des blagues pour se consoler. Et c'est effectivement une stratégie de losers. Elle a marché d'autant moins dans le cas de Trump que les Américains aiment l'argent, y compris mal acquis (comme les Kennedy), qu'ils sont accros à la télé et aux célébrités, qu'une partie d'entre eux s'oppose au politiquement correct (à l'égard de leurs adversaires, évidemment). Pour le reste, on connaît la tentation isolationniste américaine qui correspond ici plutôt à la perte de leadership des USA. Elle est contradictoire avec le slogan « Make America Great Again », mais la démagogie électorale n'a pas besoin de cohérence !

L'erreur Clinton

La véritable cause de l'échec de Clinton, outre le système électoral qui aurait exigé d'elle une autre stratégie, est qu'elle était beaucoup trop impopulaire en général et dans les états ruraux décisifs par leur nombre en particulier. Clinton peut prétendre « avoir remporté le vote populaire », mais aux USA, cela signifie seulement le vote des citoyens par opposition à celui des grands électeurs. Mais nombre des votants qui se sont portés sur elle ont d'abord voté contre Donald Trump. Avec son passif et cette condition valable pour presque n'importe qui, on se dit que Sanders aurait donc pu l'emporter, en particulier en faisant basculer le vote ouvrier des fameux swing states.

La faute de Clinton a été de se présenter. Son argument principal, qui a beaucoup trop orienté sa campagne, était qu'elle était une femme et que le tour des femmes était venu. C'est un argument spécieux. La réalité est qu'elle a joué sur sa notoriété comme ancienne First Lady plutôt que sur sa fameuse compétence claironnée sur touts les tons. Il ne fait aucun doute que Clinton est une femme capable, mais on a vu que personne ne pense qu'un(e) président(e) des États-Unis doit posséder des qualités phénoménales : l'élection de Trump en est la preuve. En outre, cette tendance américaine avérée à l'hérédité dynastique est répugnante : faut-il qu'Hillary Clinton ait été la femme d'un ancien président pour espérer hériter du poste ? C'est le propre des pays sous-développés d'utiliser cette excuse pour élire des femmes là où on pourrait croire (à tort donc !) que ce ne serait pas possible. Et cette revendication spécifique de Clinton est surtout à double tranchant : cela signifie-t-il que, sur toute la population américaine, il n'existe pas une autre femme capable d'exercer cette haute responsabilité ? On a parlé d'Elizabeth Warren (pour laquelle un des délégués a quand même voté alors qu'elle n'était pas candidate).

La vérité est beaucoup plus simple. Hillary Clinton a pu estimer qu'elle aurait été aussi qualifiée que son mari pour avoir été présidente à sa place à l'époque (encore qu'on vient de voir que l'exigence n'est pas si grande non plus). Elle avait consacré une partie de son temps et sacrifié une partie de sa carrière à soutenir Bill Clinton. C'est déjà un peu un cliché (américain) d'ambition féminine par procuration, ou c'était au mieux un objectif commun qui a été couronné de succès. Dans les deux cas, c'était bien son choix et une faute s'il s'agit de déplorer la contrainte d'effacement des femmes. Si elle avait voulu défendre la cause féministe, elle aurait dû tenter sa chance à l'époque, à la place de Bill Clinton, en bénéficiant de son soutien. Les Américains ne sont pas responsables de cette décision, qui est la sienne ou celle de son couple, et ils ne lui doivent rien à elle. Il est faux de dire que c'est au tour de la femme de l'ancien président parce qu'elle lui a apporté son soutien. C'est au mieux au tour d'une (autre) femme qui aurait le soutien de son mari, parce que c'est vrai qu'il vaut mieux être aidé par ses proches.

Notons que les Américains ne doivent rien non plus à Hillary Clinton parce que son mari Bill l'a faite cocue au vu et au su de toute la planète, ni parce qu'il était un obsédé sexuel qui l'a ridiculisée. C'est également elle seule qui a accepté cette situation en faisant bonne figure. On connaît le cérémonial américain des excuses publiques sur ces questions sexuelles, avec absolution tacite de l'épouse en arrière-plan. C'est l'inconvénient de l'importation médiatique d'une forme régressive de confession publique. Mais après coup, on se dit qu'Hillary Clinton s'est pliée à ce supplice en place publique exclusivement pour pouvoir revendiquer une compensation. Mais les électeurs ne lui doivent rien. Le grotesque de ce genre de pantalonnade est à porter au débit de ceux qui acceptent de s'y plier. Le défaut du féminisme américain est sans doute dans ce double jeu qui a tendance à croire que victimiser les femmes contribue à les libérer. Les démocrates ont eu tort d'accepter cette candidature et les féministes ont eu la stupidité de ne pas se rendre compte de cette contradiction : le défaut de tous les militants est de se laisser toujours aveugler par leur propre boniment et certaines formes de chantage affectif. Du coup, les électeurs américains ont choisi celui qui se présente comme le winner plutôt que celle qui s'affiche comme serial loser.

Jacques Bolo

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