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Un cinéma thaïlandais que je ne connaissais pas et que je dois encore mieux découvrir. Cette fois-ci, je n'ai vu que trois films.
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The King of the White Elephant (Prajao Changpeuk)
1940, Thaïlande, Réalisateur : Pridi Banomyong & Sunh Vasudhara, Interprètes : Renu Kritayakon, Nit Mahakanok, Pairin Nilsen, Suvat Nilsen, Pradab Rabilvongse, Luang Srisurang, Pradab Rabilvongse, Luang Srisurang
Curiosité intéressante. L'écrivain et ministre des Finances, Pridi Banomyong, a produit ce film pour appeler à la paix et à l'aide de la communauté internationale contre l'invasion prochaine de la Thaïlande par l'armée japonaise en 1940. Il utilise le biais littéraire d'un conte sur le roi Chakra d'Ayutthaya, au XVIe siècle qui abolit la coutume de prendre 366 épouses et qui combattit le fourbe roi Honsa voisin, grâce à une armée d'éléphants guidée par un éléphant blanc, emblème choisi de la Thaïlande. La brochure du festival nous dit que « ce film est le plus ancien long-métrage thaï, restauré en 2007 depuis une copie 16 mm ». On peut le voir comme un équivalent du Dictateur (1940), de Chaplin, lui aussi en temps réel, avec le même ton burlesque et épique des films de l'époque. Il connaîtra le même insuccès à influer sur la situation politique.
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Angel of Bar 21 (Thep thida bar 21)
1978, Thaïlande, Réalisateur : Euthana Mukdasanit, Interprètes : Jantra Chaiyanam, Suchao Pongwilai, Suda Chuenban, Krailas Kraingkrai, Wasan Utamayothi
Linda Wongsue, entraîneuse de bar dans la capitale, a entretenu un étudiant qui la largue dès son diplôme en poche dans sa ville étudiante où ils devaient se marier. Les ennuis continuent au retour et d'autres fils à papa profitent d'elle pour dédouaner des crapules. Sur le thème sartrien de la Putain respectueuse, une imitation des comédies musicales américaines de la grande époque et de Cabaret, de Bob Fosse. Ça fait beaucoup.
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A Town in Fog
1978, Thaïlande, Réalisateur : Permpol Choey-Aroon, Scénariste : Nokkrajok Nangtaloong (Permpol Choey-Aroon), Sayan Soothamsamai d'après Le Malentendu (1944) d'Albert Camus, Interprètes : Sorapong Chatree, Benjawan Boonyakas, Parichat Borisuth, Cattleya Erikul, Sompol Kongsuwan, Sitao
Le film s'inspire de Camus, qui s'inspire lui-même d'un fait divers. C'est d'ailleurs aussi le cadre de l'intrigue de L'auberge rouge (film avec Fernandel de 1951) où des aubergistes tuent leurs clients. L'ambiance glauque de film d'horreur est bien rendue dans le paysage brumeux, mais les scènes du film montrant la vie du fils à l'étranger sont pompées sur Mort à Venise (1971). On se dit que les films occidentaux qui montrent les peuples orientaux doivent être aussi stéréotypés. Et ça relativise. Un accident de montage ayant supprimé des scènes finales sur la copie fournie, où d'autres avaient été rajoutées, je me disais que certaines semblent aussi avoir été mélangées. Ce sont les avatars de la cinéphilie restauratrice de ce qui est présenté comme une oeuvre culte locale après être tombée dans l'oubli.
Jacques Bolo
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