Le numéro de mai de la revue papier Causeur, prolongement mensuel du site Internet du même tonneau (Élisabeth Lévy avait bu), ose titrer : « La revanche de la pensée » pour fêter l'élection d'Alain Finkielkraut à l'Académie française. Le niveau baisse. Celui de l'Académie et celui de la pensée. Et Élisabeth Lévy ne supporte pas l'alcool.
Finkielkraut avait écrit un livre, La Défaite de la pensée, qui illustre bien son incapacité à résoudre les problèmes qu'il prétend poser. Ce qui justifie donc le titre, autobiographique. Les philosophes diront qu'ils ne font que poser des questions. C'est sans doute cette incompétence que l'Académie récompense, outre le délire identitaire qui avait vu déjà Max Gallo y être admis pour le même genre de basses besognes.
J'ai démontré dans mon livre, La Pensée Finkielkraut... et sa réplique, que ces questions mal posées avaient pourtant une solution très claire. Contrairement à ce qu'affirme Élisabeth Lévy dans son papier, les adversaires de Finkounet ont des arguments et ne se livrent pas qu'à des attaques personnelles. Il suffit pour cela de savoir raisonner. La revue Causeur illustre parfaitement l'observation mainte fois constatée que cette compétence a totalement déserté le petit monde intellectuel français. Il est normal de consacrer cette déroute par la reconnaissance officielle de l'Académie. Faire moins serait une sorte d'anomalie cosmologique.
La revue Causeur, d'ailleurs, ne s'y trompe absolument pas. L'essentiel des inutilement nombreux articles sur le sujet (par Élisabeth Lévy, Natacha Polony, Élie Barnavi, Jean Clair, Philippe Raynaud) consiste à répéter sur tous les tons que Finkielkraut n'est pas un réactionnaire. On y croit ! On y croit ! Cette pensée revancharde était donc bien la méthode Coué. Mais pourquoi s'étonner. Causeur, club de réactionnaires si caricaturaux qu'on se demande presque si c'est pas un gag, « argumente » (méthode Coué donc) que l'autre andouille n'est pas un des leurs... tout en s'associant à cette victoire éclatante de l'académisme moisi sur la boboïtude mondialiste.
On en viendrait presque à regretter l'époque où les réacs répliquaient : « Oui, je suis réactionnaire, car ça veut dire réagir » (refrain). Bon, c'était pas très malin. Mais Jean Birnbaum qui fait aussi de la lèche, sur une vidéo du Monde des livres à l'occasion de cette élection de Finkielkraut (petite déception), y trouve le lien avec l'Académie : « une grande déclaration d'amour à la langue ». L'ontologie du réac peut se réduire aux jeux de mots heideggérien. Quand on ne comprend pas le sens, on détourne l'attention sur la forme. Simple truc d'avocat. L'idiot regarde le doigt.
Un seul article de Causeur se démarque. Celui de Frédéric Taddéï qui devait sans doute une faveur à Élisabeth Lévy, la directrice. N'entrons pas dans les détails intimes. Toujours est-il que son argument (c'en est un), contre la levée de boucliers de certains académiciens envers cette élection qui discrédite toute la bande, est qu'il y a toujours eu toutes les tendances dans ce cénacle sénile. Ce qui revient à admettre sournoisement que Finkielkraut est bien un fieffé réactionnaire. Maîtrise de la langue. Il finira à l'Académie.
- T'es con, Taddéï, la bande à Causeur pourrait comprendre !
- Pas sûr.
Jacques Bolo
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