Sans doute pour se différencier de Sarkozy qui était trop réactif à l'actualité, le président Hollande semble ne l'être pas assez (ou pas à bon escient). D'autant que son ministre de l'Intérieur semble bien poursuivre, au contraire, la politique de Sarkozy contre la petite délinquance, l'expulsion des sans-papiers et des Roms, et autres rodomontades.
Une série de scandales montre que l'État semble toujours faire deux poids, deux mesures. C'est ça qui n'est pas normal. Même si c'est habituel ! Mais il ne faut pas confondre. Précisément, si on se prétend républicain, comme certains semblent en avoir plein la bouche ces derniers temps, il faut comprendre ce que cela signifie. Je ne suis pas très optimiste sur ce sujet. Mais on pourrait essayer de donner un sens correct à ce terme. Ce n'est pas gagné.
Trois affaires
L'affaire Cahuzac a laissé la désagréable impression que le pouvoir essayait de couvrir le ministre dans sa fraude fiscale. On veut bien croire que les autres socialistes ne sont pas complices, même si le bruit a couru qu'il n'était pas le seul politicien (droite et gauche) dans ce cas (Tu m'étonnes ! Mais une chose à la fois). C'est juste qu'on a eu l'impression que faire l'autruche était la seule réponse apportée. Les mauvaises habitudes de fonctionnement au sein du PS ne sont pas valides à l'extérieur. Les citoyens ne sont pas soumis à la discipline de parti, de tout parti : l'omerta. On en voit les conséquences.
L'affaire de la viande de cheval dans les lasagnes au boeuf, de la société Spanghero, a été traitée de la même façon en accusant les étrangers, opportunément roumains, avant de révéler les petits arrangements de la filière. La réaction a surtout été de vouloir sauver les emplois. L'ordre règne. Que fait la police ? Elle renvoie les Roumains. On peut pas tout faire !
L'affaire des prothèses mammaires PIP a montré le système de complicité des salariés et la défaillance des contrôles quand ils sont annoncés à l'avance. Le procès est en cours. On charge le patron voyou alors que tout le monde est notoirement complice. Pendant ce temps, la police essaie d'inventer des complices au terroriste Merah tout en dissertant à longueur de chaînes d'infos sur le risque des loups solitaires. Faudrait savoir !
Normal !
Bon, on peut considérer que tout ça est normal. Ou bien, on peut vouloir rétablir la normalité. Tout dépend comment on voit les choses. Les mots ont plusieurs sens. Tout le monde pratique plusieurs langues.
Ce qui serait normal, dans ces affaires, serait de chercher à rétablir la crédibilité de l'État (rires) avec des mesures simples, pas très chères, et qui rapportent un max. Déjà, il suffirait que chacun fasse son travail, pour le même prix. Ce qui est peut-être trop demander. Mais tant qu'à investir, il vaudrait mieux engager des contrôleurs des impôts, des agents de la répression des fraudes, et doubler ou tripler les effectifs de la justice (notoirement insuffisants depuis des décennies).
On sait que la fraude fiscale prive le budget de l'État de dizaines de milliards. Ce n'est pas rien. Engager des fonctionnaires du fisc serait un bon investissement. À budget constant, on pourrait diminuer les impôts de ceux qui les payent, et dans les circonstances actuelles, on pourrait diminuer l'endettement sans les augmenter.
Les fraudes récentes sur la viande et sur les prothèses PIP ont montré que la qualité française est une vaste rigolade. Les employés de PIP l'invoquent dans leurs déclarations alors qu'ils fraudaient eux-mêmes ! Double langage et double pensée. Les mecs, faut pas déconner avec ça ! Ça plombe toute l'industrie. Faudra pas se plaindre ensuite si on achète des produits allemands ou japonais qui ont meilleure réputation. Je parle de politique industrielle, là, contrairement à d'autres.
Tout le monde sait ce qui est normal. Ce serait d'agir vite, comme pour Merah, et mieux, si possible. On ne tergiverse pas et on fout tous les fraudeurs et leurs complices en taule. Ça marquerait les esprits et empêcherait les autres de faire pareil. Car, contrairement aux petits délinquants qui n'ont pas trop d'autres choix que la débrouille, les gens installés ne prennent des risques que s'ils ont une impression d'impunité généralisée. Bon, il faudrait aussi construire des prisons, parce que ça ferait du monde.
Le truc du normal, c'était pas une mauvaise idée. Mais il faudrait juste ne pas se prendre la tête et que chacun fasse ce qu'il doit faire : normalement.
Jacques Bolo
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