Contrairement aux promesses de campagne, le non-cumul des mandats a du mal à passer dans les faits au Parti socialiste qui temporise. La solution est simple. Il suffit d'instaurer le non-cumul des salaires pour les mandats multiples. On verra bien si le cumul se maintient pour les raisons d'efficacité ou d'enracinement local qu'invoquent ceux qui s'y accrochent.
Le cumul existe simplement sur le mode « travailler plus pour gagner plus pour des gens qui gagnent déjà bien ». Ce qui est un peu gênant quand on est pour les 35 h pour les autres et contre les heures supplémentaires parce que ça empêche la création d'emploi. Ce qui est strictement exact et pour la même raison : cela permet de gagner plus seulement pour ceux qui ont déjà un emploi.
J'ai déjà dit que la gauche avait eu le tort de confondre la réduction du temps de travail avec le partage du travail, essentiellement parce que cela supposait évidemment le partage des salaires. Que la droite soit contre le partage est dans l'ordre des choses et c'est le droit de chacun. La gauche a tort de négliger que les travailleurs, et les syndicats ne veulent pas partager non plus. Cela repose sur le postulat que les travailleurs sont naturellement de gauche bien qu'ils ne veuillent pas partager non plus. On part du principe « de classe » qu'ils seraient de gauche puisqu'ils sont des travailleurs. Tout le monde sait ce qu'il en est. On parle dans ce cas « d'avoir le portefeuille à droite ».
Ceux qui étaient en position de « gagner un peu plus » se sont associés avec ceux qui ont la possibilité de « gagner beaucoup plus ». Mais on a vu ce que ça a donné. À ceux qui s'interrogent sur la raison des super-salaires, j'ai montré que l'augmentation des hauts salaires était simplement un coup publicitaire inventé dans les années 1970 et poursuivi avec l'explosion des industries informatiques et Internet, puis financières. Mais ceux qui en profitent ont oublié que les augmentations de salaires avaient des conséquences inflationnistes (sur l'immobilier surtout) qui annulaient le « gagner plus ». Il n'y a pas de théorie économique qui dit que seuls les salaires des pauvres sont inflationnistes. Sur le coup, les économistes font leur boulot à moitié. Ils sont mieux payés pour ça bien qu'ils travaillent deux fois moins !
Les « travailleurs » qui ont voté Sarkozy aux élections précédentes ont très bien compris ce que signifiait « travailler plus pour gagner plus » : ils se foutaient que les autres ne puissent pas travailler un peu. Si certains ont changé de camp, c'est sans doute qu'ils ont dû comprendre quelque chose d'autre que j'avais dit dans un autre article : « Certains, qui croyaient être des gagnants, se sont aperçus qu'au final, on était tous dans la même galère. »
Jacques Bolo
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