Les camps de Roms
Jean-François Copé et Nadine Morano, qui s'y connaissent pourtant, ont « été choqués » par les « propos hallucinants » et « ubuesques » de François Hollande déclarant qu'il faudrait des camps pour les Roms. Ce qui est effectivement malheureux, surtout quand il parle aussi « d'organiser une solution ». Pour le ton de ses discours, il imite Mitterrand, pour les gaffes, il imite Jospin, dont c'était la spécialité. Mais si la droite se met aussi à jouer sur les connotations, comme la gauche freudienne, on n'est pas sorti de l'auberge.
Mais si on y regarde bien, quand Hollande parle de « garder [cette population] là où elle doit vivre, en Roumanie », ce n'est guère mieux. Pas plus que « éviter que ces populations ne s'installent n'importe où » quand il s'agit de nomades et de citoyens européens qui bénéficient d'une liberté de circulation. Et encore « Comment voulez-vous que les riverains puissent accepter que, à côté de chez eux, il y ait ainsi un foyer qui s'installe ? » Qui veut bien dire que personne ne veut d'eux de toute façon, et surtout que chacun peut décider qui seront ses voisins. On s'américanise !
Supprimer le mot « race » de la constitution
Le 10 mars, dans un meeting, à Paris, François Hollande a déclaré qu'il proposerait au parlement de supprimer le mot « race » de la constitution. Il devrait plutôt supprimer le mot « blancos » de la bouche de son porte-parole et probable ministre de l'Intérieur !
J'ai déjà eu l'occasion de dire ce que je pensais de cette « peur des mots ». On ne comprend pas vraiment ce que Hollande veut dire quand il parle de « diversité des parcours, des origines, des couleurs, mais pas diversité des races ». Quand le public parle de races, il parle bien de couleurs ! Ce qu'en disent les intellectuels relève tout aussi maladroitement du... « purisme ».
Dans cet article précédent, j'ai bien dit, entre autres, que le terme « race » était le terme générique usuel. Les termes « Européen, Africain, Asiatique », reviennent exactement au même que « Blanc, Noir, Jaune » (« Jaune » est daté, mais « Blanc » et « Noir » sont courants). Désigner par l'origine géographique a l'inconvénient de marquer une forme d'extériorité. Même s'il est un peu rétro, ce n'est pas le terme « race » qui crée le racisme, comme le croit ce qu'on appelle le « constructivisme », qui règne aujourd'hui dans le monde universitaire. De même, la catégorie « sexe » ne crée pas le sexisme. Hollande ne propose pas la suppression du mot « sexe » dans les formulaires officiels !
Notons qu'il a prononcé ce discours à l'occasion d'un meeting consacré à l'Outre-mer. On se demande pourquoi il parle de supprimer le mot « race » dans ce contexte précis. On suppose que Hollande considère que ceux à qui il parle les autres fois sont donc « blancs, normaux », comme disait Coluche. Sans distinction de race.
Normal
L'intérêt de Hollande est de vouloir être un « président normal ». Si c'est pour nous foutre la paix et laisser la société civile tranquille, c'est bien. Mais la gauche est connue pour préférer « faire de la politique ». C'est contradictoire. Il va falloir que travailler ce point pour abandonner la tradition dirigiste. C'est mauvais signe de vouloir commencer par changer les mots.
Si Hollande gagne, ce qui sera normal, ce sera plutôt un durcissement de la droite pour les élections législatives qui suivront les présidentielles. Une bonne partie des députés de l'UMP pourrait franchir définitivement le pas et s'allier à Marine Le Pen qui s'est opportunément recentrée, malgré son discours isolationniste. Le souverainisme, le protectionnisme, l'anti-européisme généralisé préparent à cette éventualité. Il vaudrait peut-être mieux éviter de trop insister sur la question des races. À moins que ce ne soit le but...
Jacques Bolo
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