Bon c'est facile. Mais je vous avais prévenu : « Je ne suis pas de ceux qui reculent devant la facilité ». Recruter Anne Sinclair pour diriger la version française du Huffington Post, après l'affaire DSK l'année dernière, était déjà étonnant. C'est sûr, on en parle, et elle connaît du beau monde. On a déjà le buzz. Y a que ça qui compte. Rien à dire. Mais quand le modèle économique consiste à recruter des blogueurs pour pas un rond, juste le plaisir de faire partie du club (comme celui de Médiapart), ça se confirme. C'est le bal des cocus.
Apparemment, des people ont même fait l'ouverture, ce 23 janvier 2012 en se fendant d'une chronique, bénévole, paraît-il ! Même pas pour des petits fours ? Les traditions se perdent ! Il faudrait quand même vérifier les mouvements capitaux vers les comptes en Suisse ou autre paradis fiscal. Ou alors, ils ont peur que des petits jeunes prennent leur place et préfèrent marquer leur territoire en éjaculant sur tout ce qui buzze. La méthode DSK.
Les vrais cocus, c'est les autres, les blogueurs anonymous, ceux à qui on propose un faux-vrai job payé en monnaie de singe contre une audience universelle. On peut remarquer que c'est exactement ce que proposent les autres web-médias à leurs abonnés, Le Monde, Libération, Rue89, Médiapart, Le Nouvel Obs, etc., sans parler des sites de blogs spécialisés ou des géants du net, Blogger, Over-Blog, Canalblog, Facebook, etc. Mais dans la presse, ce qui est mis en valeur, c'est surtout les « blogs de journalistes ou des invités ». Comprends pas ! Ils sont pas déjà censés écrire des articles ?
Bref, sur Internet, « personne ne vous entend crier », comme dans le film Alien. Les journalistes, après avoir débiné Internet comme un repaire de pédophiles et de nazis, s'y sont mis avec retard pour récupérer la mise. Mais le jeu est mondial. Le Huffington Post se pointe, et veut gober les Européens, en commençant par absorber le Post, site équivalent du Monde, comme Google ou Facebook ont raflé la mise des moteurs de recherche et des réseaux sociaux.
Le modèle économique actuel consiste justement à attirer du monde en faisant le buzz pour se constituer une écurie de bénévoles qui attireront de l'audience. Des articles bien ciblés déclenchent des polémiques, entretenues par des animateurs payés (on imagine et on l'espère pour eux) pour jouer aux trolls sous pseudonymes comme dans les agences matrimoniales ou le courrier du coeur de la presse traditionnelle. J'ai déjà mentionné que Rue89, qui fournit les chiffres de l'audience de chaque article, profitait surtout des polémiques (racistes) et de la reconnexion pour voir les réponses aux commentaires. On peut considérer que ça a marché ! Le site Rue89 vient d'être racheté par le Nouvel Obs pour sept millions d'euros, comme le Huffington Post l'a été par AOL l'année dernière. Car les majors sont obligés de racheter tôt ou tard (plus cher) ces concurrents qui leur bouffent l'audience de leur marché publicitaire.
On n'a pas remarqué le link, mais au même moment, les Anonymous (et fiers de l'être) ont piraté les sites du FBI, des gouvernements américains et français, etc., pour protester contre la fermeture du site de téléchargement MegaUpload, ou contre la loi Hadopi, les droits d'auteur et la propriété intellectuelle. Ils n'ont pas compris le link qu'il y avait entre la revendication de la gratuité sur Internet et le fait que ceux qui y participent et le font vivre, les fournisseurs de contenu, ne sont pas payés. C'est ça la nouveauté. L'histoire du mouvement social n'avait pas encore enregistré cette revendication de travailler gratuitement ! Dans l'amour libre et gratuit, on est toujours cocu. Les Anonymous l'ont rêvé, la bande à DSK l'a fait. Et eux, ils sont payés. Cher.
Jacques Bolo
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