Conneries / Société - Novembre 2009
« Tu l'aimes ou tu la quittes »
L'attaque de l'écrivain Marie N'Diaye par Eric Raoult montre, s'il en était besoin, la tendance des hommes politiques à proférer absolument n'importe quoi. Comme elle venait d'avoir le prix Goncourt, les journalistes ont ressorti une déclaration où elle disait qu'elle trouvait monstrueuse la France de Nicolas Sarkozy. Ce qui avait en partie motivé son installation à Berlin. Ce sont ces déclarations, antérieures à son prix, que ce spécialiste des propos douteux qu'est Eric Raoult [1] lui a reproché, en ces termes :
« Nous lui avons accordé le prix Goncourt parce qu'elle a du talent, a-t-il déclaré. Qu'elle soit moins militante ! Maintenant qu'elle a le Goncourt, elle peut penser comme elle veut, mais, en l'occurrence, il faut qu'elle soit un peu l'ambassadrice de notre culture. »
Comme l'a remarqué l'écrivain Christian Salmon dans Le Monde du 15 novembre 2009, ce « Nous lui avons accordé » de majesté désigne sans doute les membres de la race blanche, puisque Eric Raoult ne fait pas partie du jury Goncourt. Mais comme il s'agissait de propos passés, on en conclut donc que, quand on est écrivain, il vaut mieux ne rien dire du tout, au cas où l'on aurait un prix [2].
Le nouveau ministre de la Culture, Frédéric Mitterrand, sollicité par Eric Raoult pour instaurer un devoir de réserve des lauréats de prix littéraires, puis par Marie N'Diaye pour qu'il réaffirme la liberté de parole, s'est lamentablement dégonflé, oubliant qu'il venait juste de s'affirmer comme le défenseur des artistes à propos de l'affaire Polanski, (ce qui lui avait valu, certes, un retour de bâton). Et il s'est répandu en propos méprisants pour la négresse, qui l'avait bien cherché. Pour qui elle se prend, celle-là ? En plein débat sur l'identité nationale !
Débat ? La réponse commence à se préciser.
Notes
1. Ce type est tout simplement le meilleur exemple d'une intelligence mise au service du mal. Le simple fait de le voir apporte la certitude qu'on va être confronté à une bassesse, avec la complicité des journalistes, dont il semble que ce soit (re)devenu le métier. Crise de la presse oblige, tous les moyens sont bons pour vendre du papier (voir « Crise de la presse » . [Retour]
2. Encore que, comme nous l'avons vu à propos de la première affaire Gallo/Maalouf (L'Académie mise à nu, si les déclarations de Marie N'Diaye avaient été connues, elle n'aurait sans doute pas eu le prix. À moins que les jurés Goncourt ne soient plus indépendants que feus les académiciens. [Retour]
|
Conneries - Novembre 2009
« Nul n'est censé ignorer la loi »
Grosse rigolade au tribunal correctionnel de Paris qui devait rendre son verdict le 27 octobre 2009 dans l'affaire contre l'église de scientologie, poursuivie pour escroquerie en bande organisée. Le procureur avait requis la dissolution. Manque de chance, il ignorait que les députés avaient voté une loi, adoptée le 12 mai dernier, qui annulait la disposition numéro 1 de l'article 131-39 qui permettait la dissolution d'une personne morale condamnée pour escroquerie. Une polémique s'est engagé sur l'auteur de cette réforme, dont rend compte Maître Eolas, sur son site Journal d'un avocat.
|
Conneries - Novembre 2009
Sarko imperator
On connaît la coutume qui voulait qu'un esclave se tienne à côté des empereurs romains pour leur répéter : « Tu n'es qu'un homme ! », tandis qu'il défilait sur son char. Devant un phénomène que les anciens avaient bien déjà identifié, ils prenaient donc une sage précaution, que l'époque contemporaine semble avoir oubliée. Aujourd'hui, nous avons changé tout cela. Chaque fois que le monarque républicain parle ou paraît, il semble qu'une armée de courtisans soit là pour lui dire, tous en choeur « Tu es Dieu ! ».
|