Le 7 juin 2009, Manuel Valls, député maire d'Evry, membre du Parti socialiste, a déclaré qu'il n'y
a pas assez « de Blancs, de white, de blancos » dans une brocante en plein air. Ce qui donnait une
mauvaise image de sa ville. Il s'est justifié par la suite en prétendant qu'il parlait du manque de mixité
sociale. On peut voir dans cette pénible justification, qui insulte notre intelligence, que la gauche est mal
à l'aise sur ces questions, et préfère faire l'impasse.
Le problème est que Manuel Valls est l'élu de ces quartiers où il n'y a pas assez de Blancs. S'il refuse la
constitution de ghetto, eh bien, en attendant, il est l'élu de ce ghetto. S'il y avait plus de Blancs, il ne serait
sans doute pas élu. Son travail est de défendre ses électeurs, pas de les mépriser, en considérant qu'ils ne
reflètent pas l'image de marque qu'il souhaite donner. Et s'il veut des électeurs blancs, il peut toujours
tenter sa chance à Neuilly ou une autre banlieue « chicos » que son franc-parler pourrait faire basculer
à gauche.
Cet épisode est à rapprocher de l'affaire Girot de Langlade, préfet hors cadre, importuné par un employé
noir de la sécurité à Orly le 31 juillet, aurait dit : « On est là où ? On se croirait en Afrique ! » et « De toutes façons, il n'y a que des Noirs ici ! ». Un récidiviste après des propos contre les Tziganes. Le Monde résumera bien la situation en disant que le contexte est « celui d'une France où avoir affaire à un employé noir ne va pas de soi, où être français mais non blanc de peau continue de poser question ». Comme Le Monde ajoute très diplomatiquement : « Que le pouvoir actuel ait choisi un haut fonctionnaire ayant ce profil pour coordonner les Etats généraux de l'Outre-mer, apparaît au minimum comme une maladresse. » La France est même franchement risible sur ces questions quand on connaît ses prétentions en la matière (voir « Droit de l'hommisme relatif » et « La Halde ridiculisée »).
Toujours est-il que Manuel Valls n'a pas été sanctionné pour ses déclarations et ses justifications
pitoyables par une direction du PS qui a d'autres chats à fouetter que ces sujets douloureux et glissants.
Il lui faut commencer à préparer les prochaines élections en récupérant un quota de voix du Front
national. Ce dont se chargent, de bonne grâce, Manuel Valls et quelques autres.
Le fond de cette affaire est le refus de la gauche de considérer la spécificité de la diversité raciale (voir
« Unicité et négationnisme »), en s'affirmant contre le communautarisme, pour se polariser sur la différence « sociale ». Cela se manifeste par l'affirmation que « les races n'existent pas » (voir « Peur des mots »). Pourtant, personne ne semble avoir remarqué ici, dans la déclaration d'un leader médiatique comme
Manuel Valls, que c'est de la caractéristique raciale et non sociale dont il est question quand il parle de
« Blancs, Whites, Blancos ». Si Manuel Valls veut parler du fait que les Blancs sont en général plus riches
que les Noirs, qu'il dise qu'il faudrait plus de gens riches dans sa commune : la fameuse mixité sociale.
Mais ce qu'il dit, c'est : « Noir = pauvres, Blancs = riches » (en négligeant sans doute que certains Noirs peuvent être plus riches que certains Blancs). Bref, les races existent pour la gauche quand ça l'arrange.
C'est du communautarisme « blancos ». Comme disait Coluche, « Blanc : normal ! ».
L'année dernière l'humoriste Siné avait été accusé, à tort dans son cas (voir « L'affaire Siné »), de faire l'association juif / argent. Dans l'affaire Fofana, assassin d'un jeune juif en considérant que tous les juifs sont riches, cela a constitué un critère essentiel du caractère antisémite (voir « Fofana Vs Halimi »). Comme c'est bien de cela qu'il est question, il est donc démontré que Manuel Valls est raciste. Mais personne ne s'en formalise au Parti socialiste. Manuel Valls envisage même de postuler aux primaires pour devenir candidat du parti socialiste aux présidentielles de 2012 ! Voilà ce qu'il en est de la glorieuse histoire du Parti socialiste, le parti de Jaurès et de Léon Blum, comme on dit. Manuel Valls a raison sur un point, il faudrait que le Parti socialiste change de nom.
Cette mansuétude n'est d'ailleurs pas nouvelle. On se souvient de Georges Frêche, dont j'écrivais :
« Georges Frêche, président socialiste de la région Languedoc-Roussillon qui, au cours d'une dispute
avec des harkis de droite (le 11 février 2006), les avait traités de "sous-hommes". On peut à la rigueur,
si on n'entre pas dans le schéma de l'indignation facile, et en admettant qu'il se soit mal exprimé,
considérer que ses déclarations signifiaient quelque chose comme "larbins". Certes, on peut remarquer
que l'idée de "sous-hommes" vient un peu trop vite à l'esprit chez certains, qui tendrait à révéler bel et
bien un vieux fond raciste d'une autre époque. Passons. La réalité peut être plus spécifique. Le reproche
relèverait plutôt du dépit imbécile et partisan d'un potentat local. Car les harkis ont le droit d'être de
droite (c'est plutôt le contraire qui est surprenant). Or, comme Frêche est connu pour son clientélisme
à leur égard, on peut supposer que ce qu'il reproche aux harkis de droite est simplement de ne pas lui
être très reconnaissants de ses largesses. Frêche voudrait sans doute qu'ils soient ses propres larbins.
Décidément, les 'indigènes' sont d'une ingratitude ! » (voir « Les bienfaits de la colonisation »).
Désormais, aux prochaines élections, en vertu de la « jurisprudence Frêche », si les Noirs ou les Arabes
votent Manuel Valls, et plus généralement pour le PS qui s'occupe si mal de leurs intérêts, on pourra donc
légitimement les considérer comme des sous-hommes ! Mais, si les électeurs blancs du PS ne sont pas
communautaristes, comme ils le prétendent, on peut espérer qu'eux non plus ne voteront plus pour un
parti où le racisme est considéré comme une chose banale (« ordinaire » ?). Et finalement, tous ceux qui restent encore au Parti socialiste peuvent être considérés comme des sous-hommes.
Jacques Bolo
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