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Medias - Avril 2008

Publicité clandestine de Véolia

Puisqu'on parle de la suppression de la publicité sur les chaînes de télévision publique (voir « Les voeux pieux de Sarkozy »), on peut essayer de l'envisager sous un autre angle. Vous avez sans doute vu cette pub où une fille arrive à son boulot à vélo, jette un gobelet à la poubelle, la rate, pose sa veste, et revient pour ramasser le gobelet. Mais il était déjà dans la poubelle, à sa grande surprise. On voit alors, dans la rue et sur les toits, tous les employés de Véolia, entreprise de services d'entretien (entre autres). Ce sont tous ceux qui sont derrière le décor, à qui on rend hommage, pour une fois.

Ce n'était pas forcément la peine de présenter cela comme de la magie. Mais cela nous incite à nous demander pourquoi on ne montre pas assez le petit personnel. Je pense en particulier au cinéma. Jadis, dans les films présentant des personnages de la haute société, voire des cours princières, ou même de « simples » familles bourgeoises, on voyait toujours une cohorte de domestiques. C'était considéré comme l'ordre du monde.

Aujourd'hui, alors même qu'on nous montre encore des demeures immenses, surtout dans les films américains, on ne voit presque plus les domestiques. On imagine qu'une des raisons est de ne pas montrer seulement des Noirs dans ces rôles, comme c'était le cas dans les anciens films. Faut-il y voir une amélioration de la condition des Noirs aux États-Unis ou une idéalisation optimiste de leur situation actuelle ? L'autre raison est sans doute surtout le progrès technique, l'électroménager ayant surtout libéré la femme au foyer, idéal précédent de la classe moyenne américaine. Mais j'ai quand même un doute, comme la fille de la pub.

Aux États-Unis, la question me semble relever plutôt de dissimulation de la présence de très nombreux clandestins, plusieurs millions, qui constituent un travail dissimulé, sur le principe de la pub Véolia, et qui n'apparaissent pas au générique. En France aussi, les Pakistanais n'ont pas encore fait une apparition remarquée dans la figuration, alors qu'on les remarque dans les commerces des grandes villes. C'est le problème des fictions. Elles peuvent prendre certaines libertés avec la réalité sociologique. Curieusement, elles présentent une image idéalisée très conservatrice, ou asseptisée, comme pour l'élimination de l'image de la mort dans les sociétés modernes.

Jacques Bolo

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