Politique - Janvier 2008
Parrainage d'enfants juifs déportés
Nicolas Sarkozy a fait sensation, au dîner du CRIF, quand il a proposé le parrainage d'un
enfant juif mort en déportation pendant la Seconde Guerre mondiale par chaque enfant
de 10 à 12 ans des écoles françaises.
Nombreux sont ceux qui y ont vu du clientélisme, et qui ont considéré cette initiative
comme difficile à mettre en oeuvre sur le plan pratique ou comme une nouvelle
ingérence du gouvernement dans les programmes scolaires. La question s'est surtout
posée de la possibilité de traumatisme des enfants les plus sensibles. Ce n'est pas sans
risque de faire porter le fardeau d'un enfant mort à des enfants d'une dizaine d'années.
Outre les possibilités tout aussi fréquentes de devoir absolument trouver quelque chose à
reprocher aux (trop) nombreuses initiatives du président, la véritable limite consiste
surtout dans la méthode. Nicolas Sarkozy veut un peu trop tout faire lui-même, et
imposer ce qu'il pense être bon à tout le monde. Spécialement dans le domaine scolaire,
cela rappelle un peu trop la centralisation des programmes du passé. Il faut laisser un
peu plus de liberté et de responsabilité pédagogique aux professeurs.
Pour ce cas précis, il semble justement que cette initiative est celle qu'à prise un
professeur particulier dans une classe. Il n'est évidemment pas nécessaire de vouloir
absolument la généraliser. Par contre, il aurait pu très bien rapporter cette expérience au
cours de ce dîner, comme on la lui a rapportée, au titre de la sensibilité des Français à
cette question, puisque la communauté juive s'inquiète de l'antisémitisme. Sur le plan
pratique, d'autres professeurs peuvent s'en inspirer, sur ce point ou sur un autre. Ce
n'est pas la peine de l'imposer à tout le monde, car même certains professeurs pourraient
ne pas s'en sentir capables.
Cette approche non-directive permet de montrer les initiatives que prennent les
professeurs, quand ils ont une certaine autonomie. Mais il est vrai qu'il s'agit d'une
application d'une pédagogie soixante-huitarde, alors que la méthode sarkoziste
correspond au mieux au centralisme républicain (pour ne pas dire démocratique).
Une méthode plus libérale consisterait, sur le même sujet, à faire plutôt écouter la chanson « Comme toi » de Jean-Jacques Goldman (1982), autre initiative privée, a valeur littéraire. Car faire pratiquer aux enfants de 10-12 ans un travail sur archives me paraît aussi un peu prématuré. Spécialement quand on affirmait vouloir, peu de temps auparavant, leur faire travailler les fondamentaux. |