Le 27 décembre 2007, Benazir Bhutto a trouvé la mort à la suite d'un attentat à Rawalpindi,
dans la banlieue sud d'Islamabad au Pakistan. Son fils, Bilawal Bhutto, 19 ans, a été nommé
président du Parti du peuple pakistanais (PPP). Benazir Bhutto, présidente à vie de ce parti,
avait elle-même succédé à son père. Et c'est son mari, Asif Ali Zardari, qui assurera le pouvoir
réel.
On le voit, le pouvoir politique reste affaire de dynasties. On ne peut pas dire que c'est le
propre de pays pauvres ou arriérés. C'est bien le fils de son père, Georges W. Bush, qui dirige
le pays le plus développé du monde. Et partout dans le monde, en France aussi bien sûr, des
fiefs électoraux sont réservés aux héritiers, directement ou indirectement.
On ne peut pas dire qu'il s'agit d'une question de privilèges institutionnalisés. Ce sont bien les
électeurs qui votent librement pour ces héritiers. Certes, on peut considérer qu'il s'agit d'une
manoeuvre publicitaire. On profite de la notoriété. Mais, il suffirait aux électeurs de refuser
cette facilité s'il ne s'agissait que d'un procédé de marketing.
Il est donc plus rationnel de penser que le mécanisme réel repose simplement sur l'existence
de réseaux qui, une fois en place, tendent à favoriser les dauphins attitrés. Cette reproduction
du pouvoir à l'identique entrave le processus démocratique qui suppose un renouvellement.
Sinon, ce qui s'installe est une sorte de monarchie élective qui fait adouber par le peuple
quelqu'un choisi par le sérail.
L'existence de monarchies en Europe donne le mauvais exemple. Même si leur fonction
officielle n'est que décorative, elles demeurent le symbole de l'inégalité et de la reproduction
héréditaire des élites. On peut imaginer qu'elles incitent à suivre ce modèle pour les dirigeants
démocratiquement élus qui, une fois installés au pouvoir, peuvent rêver de voir le fiston
prendre la succession de la boutique.
On peut toujours alors moquer les imitateurs, comme à l'occasion du sacre de Bokassa. Cela
relève d'ailleurs encore du snobisme aristocratique de préférer l'original à la copie, les vieilles
familles aux nouveaux riches. Mais les démocrates n'ont pas à reprendre ces critères. En
l'espèce, l'original monarchique est au moins aussi ridicule que la copie. Et ce qui est encore
plus risible est de payer une liste royale ou, plus généralement, des subventions attribuées à
des personnes privées au titre de la conservation d'un patrimoine héréditaire.
La révolution a changé les impôts en contributions, ce qui pouvait être considéré comme une
explicitation. Aurait-elle aussi changé les fermages en subventions ? Si c'était le cas, cela
pourrait surtout être considéré comme une mystification.
L'abolition immédiate de la monarchie devrait être le programme minimal des démocraties.
Et tout ce qui ressemble à la reproduction héréditaire devrait être considéré comme une
régression institutionnelle et cognitive.
Jacques Bolo
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