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Conneries - Septembre 2007

Blanc - Normal

Sur BFM, le 5 septembre 2007, Olivier Mazerolles (mais il n'est pas le seul), a rapporté l'information selon laquelle des « bandes de caractère ethnique se sont affrontées à la gare du Nord ». Je ne voudrais pas chipoter sur les mots (voir ci-dessous), mais en l'occurrence, ce n'est pas la peine d'inventer une nouvelle expression pour dire « Noir » ou « Arabe ».

Car à vouloir trop en faire, on devient pour le coup vraiment politiquement incorrect, si on pense que les Blancs n'ont pas de « caractère ethnique ». Cette expression devient alors synonyme d'« indigène », au sens de « sauvage » évidemment (puisque ce sont les Blancs qui sont les indigènes). C'était bien la peine alors d'avoir fait toute une histoire parce que les « indigènes de la république » avaient utilisé sarcastiquement ce terme (voir « Indigènes de la République et petits Blancs »).


Société - septembre 2007

Tintin au Congo

Le CRAN (Conseil Représentatif des Associations Noires) s'est associé au mouvement contre la bande dessinée de Hergé, Tintin au Congo, au Royaume-Uni avec la Commission for Racial Equality, la chaîne de librairies américaine Borders, ou la plainte d'un étudiant congolais en Belgique.

C'est une mauvaise stratégie. Il faudrait au contraire diffuser cette BD comme bon exemple des préjugés raciaux de l'époque où Hergé était un jeune dessinateur d'une revue catholique influencée par l'extrême droite belge de l'époque coloniale (voir Léopold II sur Wikipédia). Malheureusement, la nouvelle version de cette BD a été édulcorée, car Hergé a beaucoup évolué (pour finir comme un humaniste écolo tiers-mondiste). Il serait donc plus pertinent de revenir à la version originale.

La méthode humoristique a un avantage. Elle donnait un sentiment de supériorité facile aux racistes de l'époque, qui prenaient pour argent comptant ces aventures [1]. Pour ceux qui ont oublié cette époque, et certains qui semblent même la regretter, rappeler les conceptions d'alors serait pour le coup un véritable travail de mémoire (dans la joie) en montrant le simplisme de ces théories. La seule réserve à cet égard est de risquer de donner aux antiracistes un sentiment de supériorité un peu trop facile. Ce juste retour de bâton ne serait pas très charitable. Mais je ne suis pas chroniqueur d'une revue catholique.

1. Rappelons par exemple que quand un Noir parlait « petit-nègre », il parlait, lui, une langue étrangère. Il est juste de penser que c'était aussi le cas de certains colons, qui devaient donc produire la même impression sur les autochtones. Ce qui n'était pas forcément méprisé, dans les deux cas. [Retour]


Écologie - Septembre 2007

Je vous l'avais bien dit !

Nicolas Sarkozy a décidé de lancer un Grenelle de l'environnement. Il était temps. Mais pourquoi, quand on s'oppose, comme lui, à l'héritage de Mai 68 (voir « Le fantôme de Mai 68 »), utiliser le terme « Grenelle », qui renvoie à la grande négociation avec les syndicats après les événements en question, au lieu de « table ronde ».

Cela confirme bien qu'en France, on attend trop pour faire des réformes, et qu'on est obligé ensuite de faire des révolutions. C'est peut-être cette habitude-ci qu'il faudrait changer (voir « Rupture (épistémologique) ») ! Espérons seulement qu'en ce qui concerne l'écologie, il n'est pas déjà trop tard. Car la nature risquerait d'être plus cruelle que les bobos écolos post-soixante-huitards qui sont certainement trop laxistes quant à l'exigence d'un minimum de respect.


Conneries - Octobre 2007

Peur des mots :

« Rafle »

Le Monde du 14 octobre 2007 signale une « Controverse autour de l'utilisation du terme 'rafle' par des associations » comme le MRAP (le 22 août). J'ai déjà eu l'occasion de signaler que cette étrange maladie mentale française qui consiste à avoir peur des mots (voir « Les mots ne sont pas si importants ») ou à en faire un usage magique (voir « L'idéal de la mauvaise traduction »). Ici, il s'agit évidemment d'un renvoi à la « rafle du Vel'd'Hiv », qui interdirait dorénavant d'utiliser le mot « rafle » pour tout autre usage.

Le Monde signale que le Petit Robert, pourtant parfois économe d'acceptions, comme à propos de la colonisation (voir « Lexicologie coloniale »), « donne une double définition moderne », en distinguant le « cas particulier » préludant à la déportation de juifs en 1942, et le « cas courant », qui concerne une opération de police visant à embarquer un groupe quelconque de personnes dans un lieu donné.

Le linguiste Martinet parlait de double articulation du langage : la première sert à faire des mots à partir des sons (phonèmes), la seconde sert à faire des phrases à partir des mots. Il semble qu'il en existe une troisième, symbolique, fondée sur les connotations, qui interdit l'usage de certains mots dès qu'ils ont été associés à un contexte particulier. Les mots sont devenus des symboles individuels, idéographiques, ou plutôt idéo-logiques. On constate que la « peur de mots » inverse le particulier et le général.

Il faut se rendre à l'évidence. Les Français ne pensent plus. Ils ne manipulent plus des symboles abstraits, neutres, réorganisables. Ils reproduisent à l'infini des rites et des incantations.


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