Conférence de l'université populaire de Michel Onfray, Cinquième année : « L'hédonisme social ». Diffusée sur France culture, Juillet-Août 2007
Intellectuel organique
Michel Onfray présente le cas intéressant d'une démarche intellectuelle avec laquelle je suis en
accord presque total (disons 95%), et avec les conclusions de laquelle je suis en presque total
désaccord. Les réserves que je faisais l'année dernière (voir L'appropriation n'est pas le vol) se confirment.
Et, comme prévu alors, les auteurs du XIXe siècle, étudiés cette année, fournissent la clef de
l'erreur commise par Michel Onfray. La cause profonde de cette erreur est sans doute l'approche
biographique que cet auteur considère comme la réalisation de la philosophie. Mais c'est une
question qui pourra faire l'objet d'un traitement spécial.
L'année dernière, en commentant la série d'émission de Michel Onfray sur France culture
consacrée aux Lumières, j'écrivais :
« Le matérialisme de Michel Onfray repose surtout sur l'étude des textes et de la
tradition philosophique essentiellement antireligieuse pour aboutir assez banalement
à la version gauchiste d'un marxisme plus ou moins libertaire. Son originalité
personnelle est d'adopter l'utilitarisme, ce qui n'est pas fréquent, et qui me paraît aller
dans une voie intéressante. Bizarrement, son antilibéralisme antipositiviste reste sur
une forme assez classiquement idéaliste, mais peut-être n'a-t-il pas encore bien lu les
auteurs de cette période. Michel Onfray semble reproduire à cet égard la position tout
aussi dogmatique de la doxa contemporaine. Il faudra attendre la prochaine série de
conférences pour espérer une position plus nuancée. Sinon on pourrait dire que le bon
curé Onfray, comme Kant, fait beaucoup d'effort pour aboutir à la justification de
l'idéologie dominante (de gauche ou d'extrême gauche). »
La série d'émissions sur le XIXe siècle confirme cette hypothèse en fournissant l'explication de
sa position. Comment, malgré son opposition à l'anti-utilitarisme qui règne à l'extrême gauche,
peut-il s'opposer si fermement, si inexplicablement, au libéralisme, et aboutir à la justification
(kantienne, selon le critère ci-dessus), de la doxa gauchiste la plus classique. Que d'efforts
intellectuels pour aboutir à un résultat qu'on connaît déjà, et dont il critique d'ailleurs plusieurs
aspects ! C'est à vous dégoûter de tout travail philosophique et du rôle des Lumières sur l'esprit
humain. A moins que cela nous fasse observer positivement (« positivistement ») qu'il n'est pas
si facile de se libérer de l'attraction des formes admises.
On pourrait même considérer que le biais philosophique de la position d'Onfray est encore plus grave. Puisque ce sont précisément ses connaissances, acquises par ses relectures méthodiques, qui fournissent des arguments à cette régression. C'est sans doute la seule raison qui rend Onfray acceptable pour les gauchistes, malgré ses positions hétérodoxes (utilitarisme, et même « capitalisme »). Car c'est un biais assez fréquent du gauchisme intellectuel de n'accepter d'étudier des auteurs connotés négativement que dans la mesure où ils apportent des arguments pour renforcer la position partisane sur tel ou tel point particulier ou pour combattre le libéralisme. C'est d'ailleurs le cas de toutes les pensées partisanes. On peut appeler cela le principe Lazarsfeld, du nom du sociologue qui avait mis au jour, dans The People Choice, le fait qu'on lise les journaux pour renforcer ses opinions préalables. Onfray se trouve réduit au rôle de l'intellectuel organique, alors que celui de la philosophie est d'abord méthodologique (dit improprement « critique »).
Libéralisme / Totalitarisme
De même qu'il faisait de Sade le fondateur du nazisme, Onfray fait de Jeremy Bentham, sinon le fondateur, tout au moins le prophète d'une sorte de libéralisme absolu, inégalitaire et répressif. On peut considérer que Bentham mérite cette caractérisation du fait qu'il est l'inventeur du panoptique (sorte de prison rationalisée) critiqué par Foucault et qu'il
est bien adepte d'une société d'enfermement et de surveillance. Bizarrement d'ailleurs, le
modèle en question ressemblerait beaucoup à une sorte de stalinisme par l'omniprésence du
contrôle. Onfray y voit les prémisses directes d'un libéralisme en train de se réaliser
actuellement. On peut aussi accepter partiellement ce dernier diagnostic. Mais, il faudrait
accepter une restriction importante. Car le libéralisme n'est pas seul en cause, puisque cette
question concerne, plus généralement, l'idée même de rationalité que défend la philosophie. En
outre, poussé à ce point totalitaire, le système benthamien devrait s'appeler tout simplement
le fascisme [1]. Dans un précédent article, je l'avais appelé la « république » (un peu ironiquement quand même, voir Feu la republique 1), en opposant république et démocratie (et Onfray a donc tort de préférer la république).
Dans l'article mentionné ci-dessus, j'avais déjà évoqué le rejet du libéralisme. J'admettais que
le libéralisme réel peut être aussi critiquable que le communisme ou le socialisme réel. Mais
dans ce cas, pourquoi stigmatiser le libéralisme, alors qu'on valoriserait le socialisme ou le
communisme. Onfray a raison d'observer que les libéraux prétendent que si le libéralisme ne
marche pas, c'est parce qu'il n'est pas assez appliqué, sur le mode du « toujours plus ». Mais
c'est aussi le cas des socialistes. Par contre, j'avais relevé que les valeurs libérales concrètes
(liberté de la presse, d'opinion, de réunion, suffrage universel, abolition de l'esclavage...) sont
(plus ou moins bien) réalisées, et d'ailleurs généralement acceptées à gauche. Alors que le
communisme a bel et bien fait faillite. Tandis que la social-démocratie, version concrète du
socialisme, est considérée à l'extrême gauche comme toujours trop libérale. Cela créditerait
donc plutôt le libéralisme des éléments admis, et souhaitables, du socialisme [2], ce qui n'est
évidemment pas nécessaire théoriquement (philosophiquement). Cette stigmatisation relève
simplement de la persistance d'archaïsmes marxistes-léninistes, voire simplement staliniens,
dont ce n'est pas aux libéraux (ou aux sociaux-libéraux) de se défaire.
En fait, l'erreur d'analyse d'Onfray correspond aux critiques qu'il adresse lui-même à Marx et
au marxisme. Onfray refuse très justement la disqualification que constitue le terme socialisme
utopique, par opposition au socialisme scientifique des marxistes. Or, Onfray ne se prive
pourtant pas de qualifier le libéralisme d'« utopie », sous l'acception péjorative d'irréalité,
d'idéalisme, alors même qu'il décrit très justement l'aspect pratique et empirique, des
réalisations du libéral Bentham ou celles des socialismes prétendument utopiques. Par
« utopie », il veut évidemment dire que le libéralisme se fonde sur une ontologie non explicitée.
Mais ce n'est là que la version marxiste (qui parle ?) de la critique kantienne.
Au contraire, précisément, on pourrait caractériser le libéralisme de Bentham de la même façon
que le socialisme dit utopique (Saint-Simon, Fourier, Proudhon). Ils devraient plutôt être
considérés comme un libéralisme expérimental ou un socialisme expérimental, dans la mesure
où ils se manifestent par ces expérimentations concrètes (réalisations techniques,
expérimentations sociales et communautaires) et limitées. Alors que le marxisme, et Marx lui-même, devraient plutôt être qualifié de dogmatiques, aux deux sens du mot : 1) idéaliste, a
priori, ou généralisateur (système inspiré de Hegel), et 2) certitude autoritaire. On peut, quand
on est dogmatique, considérer que les expériences en question sont des échecs. Mais on peut
aussi considérer qu'on en a gardé ce qui avait réussi (ou des enseignements) et qu'on a
abandonné ce qui n'était pas viable. Ce qui est conforme à la méthode expérimentale et libérale.
Alors que le marxisme a précisément montré les vices de la méthode dogmatique. L'ensemble
n'étant sur le fond que des modèles théoriques.
On peut, éventuellement, essayer de concilier tout le monde en disant qu'il existe un socialisme
ou un libéralisme dogmatiques, qui se veulent d'application globale en faisant table rase de tout
ce qui existe, avec les conséquences qu'on leur reproche. Alors que le socialisme ou le
libéralisme expérimentaux concerneraient les expériences limitées, et si possible, contrôlées,
bien qu'imparfaites. Mais il faut observer qui si cela correspond assez bien à la pratique, cela ne
correspond pas du tout aux représentations des acteurs (en particulier dans le cas de Marx, qui
inverse la caractérisation utopique/scientifique).
Régression marxiste
Alors, pourquoi une telle condamnation obsessionnelle du libéralisme chez Onfray – au point
de refuser les bobos libéraux-libertaires comme alliés, sur le mode stalinien du PCF de 1968
(pour cette question, voir Le fantôme de Mai 68). La solution d'Onfray est tout bonnement marxiste orthodoxe. Pour lui, la preuve de la malignité fondamentale du libéralisme est la certitude de la réalité de la paupérisation : « Le concept est toujours opératoire
aujourd'hui. La paupérisation signifie quelque chose de très précis [...] que plus on fait
fonctionner la machine libérale, plus il y a de pauvres et plus les pauvres sont pauvres. Et plus
le nombre de riches diminue, plus la richesse des riches augmente ». On comprend que les
gauchistes soient contents ! Chose curieuse, alors que la plupart des thèses marxistes sont
considérées comme fausses par Onfray, il considère la paupérisation comme une grande
découverte scientifique de Karl Marx, toujours d'actualité. Sans doute considère-t-il le
classement des milliardaires par le magazine Fortune comme une preuve. Mais c'est faux.
1) D'abord, un peu de méthodologie. Comparer LE plus pauvre et LE plus riche n'a pas de sens
(comme les richesses augmentent et qu'inversement, on peut toujours n'avoir rien, l'écart
augmente forcément). Quand on compare les richesses globales, on utilise plutôt une
comparaison des quartiles (1/4 de la population). Et ces derniers écarts n'augmentent pas (ou
de façon anecdotique), surtout depuis l'époque de Marx, contrairement à ce qui semble être
l'opinion d'Onfray ! Comparer le centile (1/100e), ou même les déciles (1/10e de la population),
n'a guère de sens, sauf sur un principe journalistique, ou politicien (mais cela revient au
même [3]). Pour montrer l'escroquerie de la méthode, il faut signaler que Bourdieu lui-même,
pour nier la mobilité sociale, utilise un nombre faible de fractions. Ce qui a donc évidemment
pour effet automatique de minorer la mobilité sociale. Et quand on compare les richesses, il
faudrait utiliser les déciles ou les centiles pour avoir un gros écart ! Oh, les vilains truqueurs de
statistiques qui se permettent en plus, comme Bourdieu, de donner des leçons de morale
méthodologique !
2) Quand on parle de richesse, il faut distinguer capital et consommation. La richesse des plus
riches est surtout constituée de capital, qui en soi, très classiquement, n'a pas grande importance tant qu'il n'est pas
consommé. Bill Gates ne consomme pas toute sa richesse. Concrètement, que le capital soit
détenu par une seule personne, par l'État, par un fond de pension ou par des coopérateurs innombrables,
ne devrait avoir aucune importance pour le capitaliste Onfray (voir aussi Feu l'antilibéralisme). Par contre, le quartile le plus riche au niveau mondial (justement), dont nous faisons à peu près tous partie dans les pays développés (même beaucoup de ceux qui se considèrent comme des pauvres), consomme effectivement beaucoup plus que le quartile le plus pauvre au niveau mondial [4].
Le problème devient alors celui de la décroissance (voir Quelle décroissance ?). Peut-on dire qu'un Américain est deux ou trois fois plus riche qu'un Français parce que son 4x4 consomme deux ou trois fois plus qu'une Renault, qu'un obèse est plus riche parce qu'il mange trois fois plus.
Le critère du « toujours plus » ou du niveau de vie des élites est tout simplement faux. Ce n'est
pas un hédoniste (raisonnable) comme Onfray qui pourra me contredire. Il lui faudra donc
encore se méfier des clichés journalistiques (voir aussi Journée de la femme mystifiée).
3) Sur le fond, il est faux de dire que les pauvres sont toujours plus pauvres, spécialement plus pauvres qu'au XIXe siècle (il ne faut pas dire n'importe quoi non plus). D'autant que la révolution industrielle a eu pour effet principal d'abaisser, pour tous, les coûts des biens et des services. C'est tout spécialement vrai si on les mesure, comme Marx lui-même, en heures de travail. Et ces dernières années, le mode de production industriel s'est bel et bien diffusé presque partout sur la planète (ce qui n'était que partiel dans les années 1950, par exemple). Les biens en question sont véritablement disponibles presque partout. Même quand on dit que l'écart a augmenté (ces dernières années seulement) en prenant en compte les pays pauvres, cela signifie d'abord qu'on peut vraiment les comparer aujourd'hui, alors qu'auparavant, les sociétés traditionnelles étaient hors comparaison. Cela ne veut donc pas dire qu'elles étaient (même relativement) plus riches, ni qu'aujourd'hui, elles sont plus pauvres. La situation d'alors était surtout, ne l'oublions pas, celle de la colonisation [5]. Ici aussi, un critère matériel est nécessaire : ce n'est pas parce qu'un gratte-ciel est plus haut en Asie aujourd'hui que les Occidentaux sont plus pauvres, ni même qu'une maison normale (partout) est plus basse. Cette comparaison, même quantifiée (pour faire scientifique), n'a tout simplement pas de sens. Il faut plutôt comparer l'accès aux biens, aux services. Par exemple, pour Internet, quelqu'un de relativement pauvre peut avoir exactement le même service que quelqu'un de très très riche. De même, on ne peut pas dire que l'accès aux soins est en train de devenir inégalitaire (aux États-Unis par exemple), sans devoir admettre que c'est ce critère d'accès aux services le bon critère.
Confusions théoriques
L'erreur d'Onfray est également de confondre libéralisme et mercantilisme. Il se trompe quand il considère que le libéralisme repose sur le postulat que la richesse de tous dépend de la richesse des nations. D'où sa réfutation par la paupérisation. Mais, ce nationalisme économique (on dirait « patriotisme économique » de nos jours), correspond à ce qu'on appellait le mercantilisme (qui ne signifie pas avoir l'esprit mercantile). La liberté de circulation que prône le libéralisme contredit strictement le postulat nationaliste (implicite, comme dirait un philosophe). La conséquence historique est cruciale : au XIXe siècle le mercantilisme a consisté à étendre le marché intérieur (national) au moyen de la colonisation. Cette sorte d'intérieur-extérieur que sont les colonies explique la confusion [6]. Elle ne l'excuse pas.
Il est tout aussi vrai que le libéralisme repose bien sur le postulat que la liberté des échanges égalise
les conditions. D'où la fameuse explication libérale de l'inégalité par insuffisance de liberté (le
fameux « toujours plus » déjà mentionné). Mais cela revient simplement à affirmer que les monopoles
renforcent les inégalités et que la liberté du marché (ou l'information des agents) n'est pas
parfaite. Ce qui est bien tout aussi exact. Le libéralisme correspond simplement à un modèle théorique
(sur le mode expérimental qualifié d'utopie). L'impossibilité de n'aboutir jamais à un tel résultat
concret n'annule pas le modèle. Cela signifie qu'il faut l'améliorer en prenant en compte plus de
paramètres. Dans ce cas, le « toujours plus » est acceptable. En épistémologie, ce genre de
problème relève traditionnellement de la critique du démon de Laplace (qui prétendait prédire
les états de l'univers de ses états antérieurs). L'impossibilité de la connaissance parfaite
n'annule pas le principe de causalité, il rend simplement l'avenir imprévisible et incertain...
selon le modèle libéral (poppérien) et contrairement au déterminisme marxiste.
Nous avons vu, à propos de l'accès aux soins aux USA, que la situation pouvait effectivement
se dégrader – notons qu'en valeur absolue, il en est toujours ainsi : on peut toujours faire une
mauvaise récolte (ou son équivalent). Car évidemment, il n'est pas question de croire que le
niveau de richesse est garanti pour ceux qui l'ont. Mais la question était celle de l'inégalité de
répartition. Rappelons aussi qu'en ce qui concerne les USA, le niveau supérieur était autrefois
réservé aux blancs. Aujourd'hui, l'augmentation des richesses n'est plus réservée aux pays
riches. La moyenne est, précisément, mondiale. La comparaison était mondiale pour dire qu'on
s'appauvrit, elle est mondiale pour dire qu'on s'enrichit. Parler de paupérisation mondiale est
faux. Vouloir conditionner l'augmentation du niveau de vie des pays pauvres au maintien du
niveau de vie dans les pays riches relève d'un néo-corporatisme qui, comme on l'a entrevu,
regrette le bon vieux temps de la colonisation ou de l'apartheid. Imputer à charge de la
concurrence libérale l'appauvrissement de certains exige d'enregistrer à la décharge de la
concurrence libérale l'égalisation mondiale des conditions [7]. Ce qui était bien ce qu'il fallait démontrer.
Immanence libérale, transcendance marxiste
Sur l'opposition entre socialisme et libéralisme, l'autre erreur d'Onfray consiste surtout à
négliger le rôle de la mesure purement économique issue des échanges eux-mêmes. Le
libéralisme devrait plutôt être considéré, du point de vue philosophique d'Onfray, comme un
système de contrôle immanent. L'économie est le produit des choix plus ou moins rationnels
des acteurs eux-mêmes, cette rationalité limitée dont le libéralisme fait la théorie. Alors que le
socialisme, s'appuyant sur l'État, correspond bien à la transcendance. La justification classique,
rousseauiste ou marxiste, de la dictature de la majorité ou du prolétariat, reste plus du domaine
du postulat (de l'idéologie) que du pragmatisme : la réalité du contrôle par les citoyens est plus
que douteuse. Pour ceux qui idéalisent ainsi la société, on aboutit d'ailleurs, comme chez Michel
Onfray, à une stigmatisation psychologisante et moralisatrice des asociaux (justifiée par
l'exemple de Sade) qui fait un peu froid dans le dos. Comme son prédécesseur Kant, son effort
méritoire de synthèse aboutit bien à des conséquences déjà connues. Ses limites
épistémologiques fondamentalement marxistes aboutissent finalement au stalinisme.
Il faut comprendre alors ses velléités libertaires (sa référence à Bakounine), qu'on peut supposer
sincères, dans la tradition gauchiste, comme un maximalisme idéaliste propre au romantisme
révolutionnaire. Ce qui correspond (surprise !) au « principe Monsieur plus ». Ce qui se dit
aujourd'hui : « une gauche vraiment à gauche » chez les altermondialistes. Le biographisme
affirmé, chez Onfray, tend ainsi à se limiter à la saga des hommes illustres. Son exigence de
conformité de la philosophie avec la vie correspond bien à une incompréhension de l'individu
réel, imparfait. Le libéralisme libertaire qu'Onfray récuse correspond bien à une réalisation
pratique, évolutive : la rationalité imparfaite des libéraux (libertaires) signifie explicitement
que rien n'est parfait en immanentisme.
Liberté philosophique
Encore un effort, mon cher Onfray, pour être révolutionnaire. Il va te falloir surmonter ce
complexe, oedipien, face au freudo-marxisme de ta jeunesse. Il ne faut rien exclure de la critique
pour ne pas retomber dans les sentiers rebattus. La rupture est épistémologique. Je te propose
d'adopter le terme libéral pour qualifier, assez banalement d'ailleurs, l'affirmation de la liberté
individuelle dans la société et dans la réflexion philosophique. Le fondement libéral de la
méthode philosophique n'a pas besoin d'être démontré. La liberté de pensée n'a évidemment
pas de condition préalable. Ce n'est pas un athée qui pourra contester que la liberté est cause
de soi. Deus sive Libertas.
Jacques Bolo (un peu sadique)
Bibliographie
Michel Onfray, Traité d'athéologie : Physique de la métaphysique
Michel Onfray, Antimanuel de philosophie
Michel Onfray, Contre-histoire de la philosophie, N°1 : L'archipel pré-chrétien
Michel Onfray, Contre-Histoire de la Philosophie n°2 - L'Archipel pré-chrétien
Michel Onfray, Contre-Histoire de la Philosophie, Vol.3 : La résistance au christianisme
Michel Onfray, Contre Histoire de la Philosophie, Vol. 4 : La résistance au christianisme (2)
Michel Onfray, Contre Histoire de la Philosophie, Vol. 5 : Les libertins baroques
Michel Onfray, Contre Histoire de La Philosophie, Vol. 6 : Les libertins baroques
Michel Onfray, Contre Histoire de la Philosophie, vol.7 : Le XVIIIe siècle
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