turquie-europe
Mai-Juin 2007
Brèves
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Europe - Juin 2007
La Turquie bientôt dans l'Union européenne
Au cours d'une émission matinale de France culture, Alain Lamassoure s'est vanté d'avoir
convaincu Philippe de Villiers que les contrôles à la frontière espagnole n'étaient plus possibles
du fait de l'augmentation du trafic. Or, les échanges avec la Turquie sont bien plus importants
qu'avec beaucoup de pays de l'Union européenne, les pays baltes, les pays scandinaves, ou
même... la Grèce.
Il est donc incompréhensible qu'il s'oppose lui-même à l'entrée de la Turquie dans l'Union
européenne. Comme il est au moins aussi intelligent que Philippe de Villiers, je ne doute pas
qu'il sera convaincu par cet argument et qu'il militera dorénavant pour l'entrée de la Turquie
dans l'Union. Et comme tous les députés européens sont également intelligents, je ne vois donc
pas de raison de retarder davantage cette intégration.
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Culture / Société - Mai 2007
L'Académie mise à nu
Comme il fallait boucher un des quelques trous dus aux décès récents, Max Gallo a été élu à
l'Académie française le 31 mai 2007, au siège de Jean-François Revel. Ce n'est pas la première
fois qu'un auteur médiocre (mais prolifique) entrera dans cette assemblée. Pourtant, le niveau
était plutôt à la hausse ces derniers temps.
La rumeur raconte qu'Amin Maalouf, auteur libanais pressenti dernièrement, avait été éliminé
parce qu'il avait signé un « manifeste pour la 'littérature monde' en français ». Ce manifeste,
appelant à la « fin de la francophonie » s'opposait en fait simplement à la classification
éditoriale de « francophonie » qui avait tendance à cantonner cette littérature à une sorte de
régionalisme, par opposition à la littérature française tout court [1] (on pense à la fameuse
blague de Coluche : « Blanc, normal »).
Max Gallo, au contraire, avait déclaré, à l'occasion d'une interview sur un de ses nombreux livres
sur Napoléon, qu'il se demandait si le rétablissement de l'esclavage était vraiment si grave, avant
de se rétracter et de rappeler sa rétractation depuis à chaque occasion (voir Les bienfaits de la colonisation). Mais
cet ardent républicaniste se répand depuis dans les médias, sur le mode du rejet de la
repentance à l'égard de la colonisation, qui est très à la mode en ce moment. Évidemment, ce
rejet de la repentance se targue de combattre la pensée unique en devenant une rengaine. Ce
procédé est une nouvelle figure de rhétorique (un « gallicisme » peut-être) qui mérite bien
l'octroi d'un siège à l'Académie française à un de ses vulgarisateurs.
Bref, à cette occasion, l'Académie française s'est déshonorée. Les seuls intérêts qu'on pouvait
lui trouver, celui de consacrer un auteur ou un personnage respecté, celui d'accorder un asile
à un auteur délaissé, ou celui de permettre à d'autres (presque trop facilement) de ne pas vouloir
y entrer, laissent place au dégoût. La mesure qui s'impose aujourd'hui est sa suppression (pour
permettre à l'État de réaliser des économies) et l'arasement de son siège pour construire une
tour d'appartements de luxe (toujours pour colmater les finances de l'État). Delenda est
Mazarini.
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Culture / Société - Juin 2007
Affaire Koltès
La Comédie française a gagné son procès (le 20 juin 2007) contre François Koltès qui, en tant
qu'ayant droit, tentait de faire respecter la volonté de son frère. L'auteur Bernard-Marie Koltès
(décédé en 1989), exigeait en effet que les rôles d'Arabes ou de Noirs ne soient pas joués par des
Blancs. Tarif : 20.000 euros de réparation et 10.000 euros de frais d'avocats à la charge de
l'ayant droit. L'administratrice de la Comédie française (sic) avait même déclaré qu'« engager
un comédien arabe justement pour jouer un rôle d'Arabe serait une démarche douteuse,
presque discriminatoire, et contraire à l'esprit de Koltès ».
Il est donc démontré que les comédiens blancs prennent le travail des Arabes et des Noirs. C'est
donc pour cela qu'il y en a si peu dans le théâtre et le cinéma français. Mais ce n'était peut-être
pas la peine, même si c'est à la mode, d'accuser en plus les indigènes de racisme anti-Français
victimaire communautariste. L'inquiétude habituelle pour le respect des droits d'auteur s'arrête où
commence le rejet de la repentance.
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Médias - Mai 2007
La vérité est ailleurs
L'abstention de Cécilia Sarkozy le 6 mai 2007, le jour du second tour de l'élection présidentielle,
a été censurée par la direction du Journal du dimanche. Un journaliste avait consulté les listes
d'émargement, qui sont publiques. Mais la rédaction en chef de ce journal a estimé que cette
information concernait la vie privée. Pourtant, les journalistes sont les premiers à argumenter
hypocritement sur le fait que l'image des hommes publics (dont fait partie leur famille) est du
domaine public, spécialement quand ils se mettent eux-mêmes en scène. On a donc évoqué
l'autocensure ou la lâcheté des journalistes, l'influence du propriétaire (ami personnel des
Sarkozy), ou le contrôle des médias par le nouveau pouvoir.
Mais on a oublié un détail plus important. Depuis toujours, la télévision nous montrait les
candidats déposant leur bulletin dans l'urne, généralement en famille, avec un arrêt sur image
pour la photo. On imaginait évidemment que les candidats votaient pour eux-mêmes. Et on
pouvait penser que c'était aussi le cas de leur femme ou leur mari qui les accompagnaient. Cette
affaire nous rappelle opportunément que ce n'est pas forcément le cas.
Et surtout, cela révèle sur la presse une autre vérité aveuglante. Évidemment, montrer des
candidats en train de voter n'avait aucun intérêt. Et cette fois, alors qu'il y avait une information
nouvelle, c'est-à-dire une information tout court, non seulement personne ne l'avait signalé, mais
en plus elle a été censurée au nom du respect de la vie privée ! On va finir par penser que ce
qu'on ne nous montre pas est plus important que ce qu'on nous montre. Et pour une fois qu'un
journaliste se livrait à une enquête minimale (il fallait y penser tout de même), on peut constater
qu'il n'a pas été récompensé pour son initiative. C'est à vous dégoûter de faire sérieusement son
travail. Pourquoi sortir de la routine quand on peut cultiver les marronniers [2] ?
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Voir aussi :
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Notes
1. Mais on peut opposer à ce manifeste que c'est juste une facilité de classification pour les libraires. Voire même qu'il s'agit au contraire d'un plus pour ceux qui sont attirés vers l'exotisme, ou ceux qui sont précisément rétifs au parisianisme de la littérature française actuelle. [Retour]
2. Il reste tant de sujets si intéressants à traiter : les départs en vacances, les francs-maçons, la hausse de l'immobilier, les incendies de l'été, la sécheresse, la rentrée scolaire, les soldes,... ou les candidats qui déposent leur bulletin dans l'urne (on risque quand même de ricaner un peu la prochaine fois). [Retour]
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