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Conneries / Faux culs 15.3.2007

Mistigrisation de Raymond Barre

C'est au tour de Raymond Barre d'être l'objet de mistigrisation [1] (voir Frêche, Sevran). Un très beau cas. Au cours d'une émission radio de France culture sur son livre de souvenir, L'expérience du pouvoir, des journalistes lui ont posé les questions qui fâchent le concernant. Et Raymond Barre s'est évidemment fâché. Ce qu'il a répondu lui a valu les accusations d'antisémitisme habituelles, qu'il a anticipé en disant qu'il s'en moquait. Cela a donc été considéré, par ses accusateurs, comme une circonstance aggravante et une preuve de son antisémitisme.

Innocents

La première question qui fâche concerne sa fameuse tirade sur « les Français innocents », victimes collatérales de l'attentat contre une synagogue de la rue Copernic le 3.10.1980. Ses explications selon lesquelles si ce sont les juifs qui sont visés, les autres sont innocents, incite à penser que les juifs sont donc coupables. Le fait que Raymond Barre admette « aux yeux des terroristes » ne satisfait pas ses contradicteurs. D'autant qu'il ajoute en gros que les terroristes doivent mieux organiser leurs attentats pour ne blesser personne d'autre que leurs cibles. Ce qui est franchement ridicule. Cela revient à leur demander de mieux viser. Sinon quoi ? Le gouvernement va-t-il leur offrir une formation (c'est au moins indirectement possible dans le cadre d'accord de défense), ou leur prêter le GIGN ou le service action de la DGSE [2] ?

Prendre en compte le point de vue des terroristes n'était pas vraiment ce que demandait la situation. D'autant que tout le monde a bien compris qu'ils visaient les juifs et pas les autres. Mais les terroristes se moquent évidemment de ce genre de conséquence. La distinction semble insinuer que les juifs ne sont pas vraiment des Français comme les autres, et les considérer en quelque sorte comme des immigrés israéliens. A la décharge de Barre, on peut remarquer que le gouvernement israélien fait de même. Barre avait aussi souligné que « la communauté juive ne doit pas être séparée de la communauté française » (bien que ce soit une façon très maladroite de parler). Mais ses accusateurs l'associent quand même à une certaine tendance passéiste qui considère la France comme une terre chrétienne (voir aussi L'Europe sans la Turquie...). Faut-il en conclure qu'il s'agit d'antisémitisme [3] ? Au fond, Barre a surtout voulu dire que le conflit du Moyen Orient ne concerne pas les Français.

L'accusation d'antisémitisme semble dire que Barre est solidaire des terroristes du fait de ses paroles initiales ou de ses explications embrouillées. Je pense plutôt que Raymond Barre a simplement dit une connerie. La cause en est sans doute la confusion malheureuse d'une déclaration d'émotion et d'indignation d'une part, d'une analyse opératoire (inutile) et politique de l'attentat de l'autre. On connaît le peu de souci de Raymond Barre pour la diplomatie, mais dans ce cas, il aurait pu faire un effort [4]. Il semble bien qu'on attende du politique une expression qui tienne compte des sensibilités, au moins dans les moments dramatiques. On parlait jadis de respect humain. Cette époque est oubliée, même et surtout par ceux qui s'en prévalent. Ce qui semblerait démontrer une utilité partielle du politiquement correct [5]. Vouloir « dire la vérité aux Français », ou « cesser de ménager toutes les susceptibilités » a des limites, au moins pour ceux qui sont au pouvoir (sinon cela revient à censurer tout le monde).

Le problème de Barre peut aussi venir de sa qualité d'universitaire, outre son caractère personnel dont on pourrait aussi tenir compte. Les universitaires n'ont pas les mêmes obligations que les politiques (ne serait-ce que parce qu'ils sont titulaires de leur poste jusqu'à la retraite). Surtout, ils ne sont pas habitués à ce que les étudiants ou leurs subordonnés les critiquent, voire aient simplement voix au chapitre [6]. Il n'est surtout pas question qu'un universitaire dise : « je crois que j'ai dit une connerie » [7]. Ce qui est pourtant souvent le cas et qui est conforme, contrairement aux apparences, à une méthodologie correcte (voir Est-ce qu'on peut dire une connerie ? .

Pour cette première affaire tout spécialement, Raymond Barre aurait mieux fait de dire « je crois que j'ai dit une connerie ». Il aurait évité d'aggraver son cas en tentant de se justifier cafouilleusement et en déclarant de surcroît qu'il lui était égal d'être considéré comme antisémite. Ce que tout le monde peut simplement comprendre comme : « Je me fous de l'opinion des autres » [8].

Papon

Raymond Barre est surtout un type qui n'a pas de chance. N'oublions quand même pas qu'il a été Premier ministre pendant deux crises du pétrole, ce qui était quand même un des thèmes principaux traités dans ses mémoires. Il en a tiré une sorte de leçon générale (toujours l'universitaire) selon laquelle on ne peut décidément rien prévoir. D'où sa campagne électorale sans promesses en 1988. Cette innovation n'avait pas vraiment convaincu à l'époque.

Une autre question posée à Barre était celle sur Papon qui avait été ministre du budget (1978-1981) de son gouvernement. Pas de bol. Après avoir dit qu'il ignorait initialement le rôle de son subordonné dans la déportation des juifs bordelais, Barre s'est livré là aussi à une tentative d'explication contextualisée du phénomène (toujours l'universitaire) en louant immodérément les qualités de grand commis de l'État de Maurice Papon. Cette explication tient compte de son maintien en poste par De Gaulle à la libération, puis de l'existence d'un jury d'honneur qui s'était réuni sur le sujet après que la question se soit posée en 1981. Ce jury avait conclu que Papon avait bien été résistant [9], mais qu'il aurait pu éventuellement démissionner. Barre argumentera en outre qu'il fallait bien faire marcher la France, et qu'un fonctionnaire ne doit démissionner qu'en cas « d'intérêt national majeur », mais que Papon aurait quand même dû exprimer des regrets.

Ses accusateurs considèrent donc Raymond Barre comme un pétainiste, qui sacrifie les juifs à la bonne marche du pays sous l'occupation, en ne les considérant pas comme « d'intérêt national majeur ». Ils peuvent aussi lui reprocher son gaullisme qui passe un peu vite l'éponge sur les anciens collaborateurs pas trop compromis, pour le même motif d'intérêt national au moment de la reconstruction, en les envoyant en Allemagne. Une explication pourrait être aussi que l'antisémitisme ou le génocide n'était pas alors la question principale en 1945 (c'est une question des années 1980). Ce qui était alors considéré comme important était la résistance et la collaboration avec l'occupant.

Le fait est que dans la mesure où tout le pays ne résistait pas, il fallait bien assurer l'intendance. En 1945, même les communistes ont sacrifié la révolution à la remise au travail. Après s'être placé du point de vue des terroristes, Barre se place du point de vue des résistants (terroristes eux-mêmes d'ailleurs). La contextualisation universitaire ne semble pas très appréciée par les intellectuels.

Barre serait-il un technocrate froid... comme Papon ? Ici encore, ce que dit Barre lui-même éclaire la question. Il semble considérer cette affaire comme une mise en cause personnelle par le « lobby juif ». « Houlala ! Houlala ! » dirait Finkielkraut (voir Le maudit). Raymond Barre aggrave son cas. Mais en fait, il vise les juifs... de gauche, qui auraient essayé de circonvenir les juifs de droite dans une période pré-électorale. (Inversement, depuis une dizaine d'années au moins, ce serait plutôt ceux de droite qui essaient d'influencer ceux de gauche).

En somme, l'affaire Papon serait une simple peau de banane politicienne. Au moment des élections, on ressort les scandales et les cadavres du placard. Après l'affaire Papon, n'y a-t-il pas eu l'affaire Bousquet contre Mitterrand ? Bref, il n'y aurait pas que les spin-doctors de Bush et de Blair qui monteraient des coups tordus. On est malheureusement tenté de le croire. La confiance envers les hommes politiques se perd de nos jours. Barre est si peu politique qu'on pourrait presque lui faire confiance.

Bizarrement, Barre en rajoutera même contre la gauche en considérant que l'attaque contre Papon concernait essentiellement la fameuse affaire de la répression de manifestants arabes au moment la guerre d'Algérie : « Le reste c'était un alibi. Je suis persuadé qu'il paye l'ordre qu'il maintient au moment de Charonne (1962) ». Papon avait en effet été le préfet responsable à l'époque de la ratonnade qui avait causé la mort de nombreux manifestants arabes, jetés dans la Seine par la police à Paris au cours d'une Marche pour la paix organisée par le FLN, le 17.10.1961. On remarquera encore la contextualisation universitaire. Décidément, Raymond Barre a une meilleure mémoire que la plupart des intellectuels qui l'accusent. Après le procès Papon, on s'attendrait plutôt à ce qu'il considère la douleur des victimes juives [10]. Il considérera même au contraire que Papon est un bouc émissaire, voulant sans doute dire qu'il a payé seul pour de nombreux autres. Ce dont on pourra convenir [11].

Gollnisch

Cerise sur le gâteau, Raymond Barre a défendu Bruno Gollnisch. Ah, le bon client ! C'est un plaisir de de l'inviter.

Ancien collègue universitaire de Raymond Barre à l'université de Caen, bien qu'ils ne se soient pas fréquentés (selon Raymond Barre), Gollnisch s'est retrouvé élu conseiller municipal Front national sous la mandature de Barre à Lyon en 1998-2004. La scoumoune ! C'est même après le procès pour négationnisme de Gollnisch que Barre aurait dit que c'était « un homme bien ». Cela signifie pour lui que « pour ce qu'il est chargé de faire comme conseiller municipal, il a fait les choses d'une façon tout à fait correcte ». Quant à ses idées : « Les gens peuvent avoir leur opinion, c'est leur opinion [...]. Certes, je blâmais les propos de M. Gollnisch, mais j'ai tellement entendu les propos de M. Gollnisch que ça finissait par ne plus m'émouvoir... ».

Toute cette affaire confirme plutôt l'attitude générale de grands commis de l'État insensibles aux péripéties de l'histoire. Dans le cas de Papon, il faut faire marcher la France, et rétablir l'ordre au moment de Charonne. Du moment que Gollnisch fait son boulot à Lyon, il peut penser ce qu'il veut. Et les attentats sont même considérés du point de vue de la bonne exécution. C'est la règle du jeu (les Français armaient alors l'Irak contre l'Iran) [12]. Ah, c'est un autre monde ! Où tous les coups sont permis. Mais Barre ne se rend pas assez compte qu'il ne faut pas le laisser apparaître au grand jour. Les universitaires ne sont pas des bons politiques.

Chinoiseries

La principale maladresse de Raymond Barre a surtout été de sortir son livre de souvenirs pendant la campagne électorale. Quand on sait que les cadavres ressortent des placards pour ces occasions, c'était donner le bâton pour se faire battre.

Mais la ficelle journalistique est quand même un peu usée. Elle consiste à fonctionner sur le principe de la libre association sur des précédents papiers : Chili : Pinochet ; Inde : Gandhi, accident de transports avec beaucoup de morts ; Allemagne : nazisme ; Giscard : diamants ; Lyon : milice, négationnisme ; Barre : « Français innocents », etc. Ces clichés sont de l'ordre de Français : bérets basques, baguette, etc. ; Noirs : sens du rythme, gros sexe ; Arabes : terroristes ; juifs : je vous laisse imaginer le pire. Nous, journalistes, nous n'allons pas nous intéresser à ce que les gens ont à dire de nouveau. Nous nous intéressons « aux vrais sujets » : ceux que nous connaissons déjà. Nous avons nos fiches. L'interview était pourtant bien partie (on était quand même sur France culture). Puis on s'est retrouvé progressivement à la télévision.

On interroge Barre sur les « Français innocents » comme on va en Chine pour parler des droits de l'homme. C'est bien la Chine pour un journaliste ou un homme politique dans une campagne électorale. D'ailleurs, on devrait généraliser la méthode. Je vais peut-être me présenter aux élections – la prochaine fois (les listes 2007 sont closes). Je serai pour les droits de l'homme en Chine, des augmentations de salaires en Chine, une réduction de la pollution en Chine, plus de démocratie en Chine, une amélioration de la vie dans les prisons en Chine, une presse plus libre, et plus intelligente... en Chine.

Mais je ne suis pas sûr que cette méthode journalistique marche encore si bien. D'ailleurs, le « J'accuse Raymond Barre d'être un antisémite » de Claude Lanzmann, dans le quotidien Libération du 6.3.2007, a déclenché des commentaires plus que mitigés. Outre les extrémistes habituels des deux bords, de très nombreux commentaires en ligne mettaient en cause le principe même de cette accusation.

Soit l'antisémitisme est donc encore plus important que certains l'imaginent, soit il existe un courant important qui estime qu'on doit pouvoir dire certaines choses sans être qualifié d'antisémite... et sans l'être, cela va de soi. Y compris si ce qu'on a dit est peut-être une connerie. Mais comme il n'y a pas de privilège de ce côté, disons le franchement : c'était vraiment une connerie d'accuser Edgar Morin d'être un antisémite (voir l'article correspondant), puis Bourdieu (Finkielkraut le Maudit (la scoumoune)), et enfin Barre. C'est par ce genre de stratégie que les juifs vont finir par avoir aussi mauvaise presse que les communistes, les Arabes ou les Noirs, après avoir été tabous à tour de rôle.

Un conseil, pour rattraper le coup, peut-être que Lanzmann aussi devrait dire « Je crois que j'ai dit une connerie ». Pourquoi ? Parce que si l'antisémitisme est très grave, alors accuser quelqu'un de quelque chose de très grave s'il n'est pas coupable est aussi très grave. Il ne s'agit pas de se persuader soi-même. Ni de se monter la tête. Il faut démontrer ses accusations. Le travail intellectuel a les mêmes obligations que la justice, dont on connaît les faiblesses dans les affaires récentes (Outreau), ou dont on connaît que trop la difficulté à se déjuger. La méthode est simple pourtant : le minimum est d'instruire à charge ou à décharge (voir Chasse aux Nègres à Marianne). Ce principe n'est apparemment pas acquis, ni par les intellectuels, ni par les juges d'instruction. C'est pourtant une des bases de la démocratie. Mais je ne vais pas croire qu'elle est acquise. J'ai une formation de sociologue, pas de philosophe.

Jacques Bolo

Bibliographie

Raymond BARRE, Jean BOTHOREL, L'expérience du pouvoir

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Voir aussi :

Notes

1. Dixit Mistigrisation anti-Frêche : « La stigmatisation [anti-Frêche, Sevran, Barre] peut se réduire au principe du jeu du mistigri, jeu de carte qui consiste à se débarrasser progressivement de toutes les cartes, en en évitant une, le mistigri, quand on pioche à tour de rôle dans la main des autres. La mistigrisation sociale consiste, comme le principe biblique du bouc émissaire, à charger quelqu'un (ou un bouc) de tous les pêchés d'Israël. Mais la mistigrisation réactive le mythe en soulignant que celui qui est visé participe volontairement au processus. Il se sacrifie lui-même (peut-être du fait de l'influence du modèle du Christ). Et un effet négligé du principe du bouc émissaire, qui faisait qu'on considérait un peu les juifs bibliques comme des sortes de sauvages, est que cette mistigrisation assumée s'accompagne pour les autres d'un soulagement que ce ne soit pas sur eux que ça tombe. Ce qui explique qu'on s'acharne de plus belle sur la pauvre bête. [...] Le risque est de s'abandonner à un rite culturel dont on finit toujours par être le dindon de la farce, si on joue un peu trop facilement à ce jeu qui pourrait aussi s'appeler Regarde les hommes tomber (sans rien faire pour les en empêcher ou les aider à se relever). » [Retour]

2. Mais les bavures sont également possibles, comme on l'a vu avec l'affaire du Rainbow warrior, ou celle des paillotes en Corse – sans parler de toutes celles qu'on ignore : ils ne sont pas payés à ne rien faire ces braves gens. [Retour]

3. Dans ce cas, il serait alors juste de considérer que ceux qui considérer les Arabes ou les Noirs comme non-intégrés en France, ou en Europe, comme des racistes. Ce qui va faire de monde (voir Le pari perdu d'Alain Finkielkraut). Plus vraisemblablement, ce genre de situation montre que les raisonnements fondés sur l'idée d'une égalité républicaine déjà réalisée sont franchement optimistes. [Retour]

4. Il ne demandait sans doute aucun conseil à son entourage, s'estimant capable d'improviser lui-même ses déclarations. On voit qu'il n'en est rien. Les communicants ont parfois du bon. [Retour]

5. Ne pas vouloir être politiquement correct peut aboutir à insulter tout le monde. J'ai déjà considéré qu'il s'agissait d'une sorte de mode rap (voir Les mots ne sont pas si importants). La contradiction consiste alors à condamner simultanément les jeunes rappeurs (voir L'Assemblée nationale contre le rap). [Retour]

6. Le problème est que cette absence de contestation directe concerne également les travaux académiques qui sont pourtant censés devoir statutairement être critiqués pour avoir une qualité scientifique. Il en découle une organisation en chapelles idéologiques où la contradiction est absente. [Retour]

7. Dans l'affaire Milner (voir Finkielkraut le Maudit (la scoumoune)), après avoir accusé Pierre Bourdieu d'antisémitisme, Jean-Claude Milner aurait déclaré à ceux qui le critiquaient qu' « il voulait provoquer le débat ». C'est donc ça ! Voilà la traduction en jargon universitaire de la phrase plus explicite « je crois que j'ai dit une connerie ». Serait-ce donc aussi le sens réel de la falsification poppérienne (voir L'idéal de la mauvaise traduction). La science est ce qui s'expose à la contradiction. Une connerie s'expose à la contradiction. Donc on peut dire des conneries (voir Est-ce qu'on peut...). CQFD. On n'a donc pas fini d'en entendre. [Retour]

8. A propos de la réforme de l'université, il proposera de « permettre à chaque université d'établir ses conditions de recrutement ». Mais il ne pourra pas s'empêcher d'ajouter : « On dit que c'est antirépublicain, eh bien, soyons antirépublicains ! ». Le vieux garnement est incorrigible : le style, c'est l'homme ! [Retour]

9. Un des membres du jury, Jean Pierre-Bloch s'est rétracté, disant qu'il avait été influencé par deux des autres membres. [Retour]

10. Remarquons que les accusateurs de Barre ne semblent pas beaucoup tenir compte de la douleur des victimes arabes. Mais on sait que les animaux n'éprouvent pas la douleur (voir Niveau du débat, et R.A.S.). [Retour]

11. Les procès symboliques sont effectivement un problème d'un point de vue juridique et moral. J'avais été un peu choqué quand un des accusateurs de Maurice Papon, Arno Klarsfeld, a déclaré sur TFJ qu'il ne s'opposerait pas à sa libération pour raison de santé, dans la mesure où ce qui comptait, c'était le symbole du procès. Cela ressemble beaucoup au principe du bouc émissaire. Car si la question était de faire la lumière sur la collaboration d'un point de vue historique et politique, en obligeant les participants survivants à témoigner, la procédure adéquate aurait dû être une commission d'enquête parlementaire. Soyons positifs et généralisons la méthode. Nous savons donc ce qui nous reste à faire à propos de la colonisation (voir Les bienfaits...) si on veut pouvoir tourner la page sans succomber indéfiniment à la repentance ou au ressentiment ! Crevons l'abcès. [Retour]

12. On imagine qu'en tant que Premier ministre, Barre pouvait superviser au même moment des coups tordus ailleurs (voir note 2). [Retour]

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