Bravo Zidane
Je ne m'intéresse pas vraiment au foot, mais puisqu'on ne peut pas y échapper, j'ai vu la
magnifique tête de Zidane contre Materazzi qui l'avait insulté. De pitoyables
commentaires, de la presse ou d'internautes condamnent son geste, qualifié de non
sportif, et autres balivernes. La meilleure étant : « Ce n'est qu'un sport » pour dire qu'il
ne faut pas s'énerver, pas craquer, etc. Ah bon ? Cela veut-il dire que les insultes (racistes
ou non, comme on l'avait d'abord supposé) en font partie ? Y aura-t-il donc des cours
d'insultes dans les centres de formation pour déstabiliser l'adversaire. On connaît déjà
les opérations de déstabilisation par des offres de corruption, des menaces, les supporters
racistes, les hooligans, les matches truqués, etc.
Il faut dire que l'intérêt avait tendance à retomber pour le football ces derniers temps.
Il semble que la nouvelle tendance soit à la défense béton (d'où le proverbe zen : « si on
t'insulte, laisse béton »). Peut-être est-ce une raison pour la participation musclée du
public, ou les insultes, dans le stade et en dehors pour motiver les supporters, et les
articles people pour attirer un nouveau public. Franchement, je trouve que ça manque un
peu de pom-pom girls. Et puis vraiment, vous trouvez pas qu'il y a beaucoup de Noirs et
d'Arabes pour bouffer le pain de nos Italiens ?
Saluons donc Zidane de ne pas supporter n'importe quoi – il est vrai qu'il a attendu son
dernier match. Il ne faut pas se laisser humilier pour une coupe fut-elle du monde. Si les
joueurs et les journalistes avaient un peu de fierté, ils refuseraient toutes ces mascarades.
Mais c'est vrai qu'ils en vivent. Qu'est-ce qu'il ne faut pas faire pour manger. Zidane
constitue donc bien toujours un exemple pour la jeunesse ! Finalement, la France a gagné.
Zidane a bel et bien volé la vedette à l'Italie. « L'Italie a gagné la coupe du monde ?
Quand ça ? Ah oui, en 2006, la fois où Zidane a donné un coup de boule en finale ! »
Carton jaune
Faudrait surtout pas croire non plus que je sois zidanophile. Après son coup d'éclat,
c'était pas vraiment la peine de faire autant de manières. Au point que tout le monde a
cru que l'insulte était vraiment horrible. Et, il faut bien le dire : on a été un peu déçu. Ah
bon ! Ce n'était que ça [1] ! Quels cons ces Arabes ! (Mais très belle tête quand même). Mais tout ce cinéma après ? Et que je ne dirai rien. Et que je vais faire une déclaration plus
tard... pour que mes agents négocient cette interview avec une journaliste vedette, pour
arrondir ma retraite ? Eh, Zidane, tu te la pètes ou quoi [2] ?
Bon. L'insulte n'était pas raciste, et les Arabes restent des Arabes qui protègent la
réputation de leur soeur, comme dirait Finkielkraut (qui révère pourtant Zidane). Mais
vous avez remarqué ce qui s'est vraiment passé : 1) Materazzi retient Zidane par le
maillot. 2 ) Zidane lui dit « tu le veux mon maillot ». 3) Materazzi insulte Zidane. 4) Tête ! 5) Qu'est-ce qu'il a pu bien lui dire ? 6) Zidane fait sa chochotte. 7) Materazzi déclare que
ce n'était pas une insulte raciste. Il avait simplement répliqué à Zidane parce qu'il l'avait
trouvé arrogant (pour le remettre à sa place, comme on dit).
Non, mais pour se prend-il qui celui-là aussi ? Ils sont tous comme ça les footballeurs ?
L'autre fait une plaisanterie, pour calmer le jeu, alors que le premier fait une faute qui
aurait pu lui valoir un carton jaune, et voilà-t-il pas que Môssieur trouve ça arrogant !
Franchement, y a des coups de tête qui se perdent. Non ? Bon, pas cette fois.
Carton rouge
Mais apparemment, personne n'a semblé remarquer que c'est la justification de
Materazzi qui est raciste ! Elle rappelle un sketch de Guy Bedos, sur un raciste partant
en vacances au Maroc, qui s'étonnait que l'équipage de l'avion soit Arabe et qui faisait des
réflexions sur tout à ce propos. J'en cite une de mémoire : - Le pilote (avec l'accent
arabe) « Midames, et Missieurs, Ji vous prie di bien vouloir attacher vos cintures. S'il vis
plaît ». – Le raciste « Quelle arrogance ! ». Ce terme : « arrogance » est précisément celui qu'utilisent les racistes face au comportement d'un indigène qui ose se comporter en égal.
Bref, y a encore du travail.
Carton rouge pour le foot et pour la presse coloniale !
Jacques Bolo
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