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Médias 10.6.2005

C'est la faute des médias !

vol. 1 : Les Médias et l'Europe

À la télévision, quand un invité se risque à mettre en cause les journalistes, il est immédiatement remis à sa place par un ironique ! « C'est la faute des medias ! » qui semble ne supporter aucune réplique. « Non, mais ! Qui c'est qui commande ici ! Si tu veux qu'on te réinvite mon coco, vaudrait peut-être mieux te tenir à carreau ! Bon, l'incident est clos ! »

L'actualité du référendum sur l'Europe nous donne précisément une illustration de ce phénomène où les médias auraient une part de responsabilité. Et elle fut effectivement évoquée, moins du fait de leur fonction que par leur association statutaire avec les élites qui nous gouvernent. Ce dernier point ne faisant évidemment aucun doute. Mais était-ce bien le problème ? Non, puisque le référendum a offert l'occasion de ne pas répondre à la question posée. Le fait qu'on semble l'oublier aujourd'hui montrant d'ailleurs l'absence de constance des analyses journalistiques.

Car enfin, qui d'autre que les médias aurait pu parler de l'Europe. Ils ont bien essayé (au dernier moment !), d'où les reproches de propagande unilatérale. Mais on peut précisément considérer qu'ils ont plutôt tenté de rattraper le temps perdu. L'Europe n'étant pas un sujet vendeur en temps normal, les médias se consacrent donc quasi exclusivement à la politique nationale. La tentative désespérée, sur le tard, relève de la fable du lièvre et de la tortue.

Notons que la polarisation sur le national constitue donc une propagande souverainiste permanente sans aucune symétrie, et jusqu'au ridicule dans le journal de 13 h de TF1, où le matraquage sur les vieux métiers ou les régions, ne prépare pas à l'ouverture internationale. La faute journalistique consiste ici, rien que dans cette optique, de ne pas en profiter pour nous faire connaître les mêmes sujets chez nos voisins, ce qui serait précisément le moyen de connaître les autres pays d'Europe. Cela fournirait d'ailleurs de nouveaux sujets de reportages car le filon des spécialités régionales françaises devrait commencer à s'épuiser.

Un autre biais se rapportant à la politique nationale concerne évidemment l'incapacité quasi pathologique des journalistes à s'empêcher de parler de politique politicienne en toute occasion. Pendant toute la première partie de la campagne européenne, le seul problème qui semblait intéresser les journalistes était celui des élections présidentielles de 2007. C'est d'ailleurs toujours le cas avant, au cours, et après chacune des élections ! Il paraît que c'est parce que dans la cinquième république, le président possède un rôle prééminent, blablabla. Mais on peut aussi penser que c'est plus facile de parler d'un sujet qu'on connaît et qu'on pratique ad nauseam que d'expliquer les articles de la constitution, ou plus généralement les arcanes de la politique européenne. Il ne faut donc pas s'étonner que les électeurs aient cru qu'il s'agissait d'une élection présidentielle, et qu'ils soient tout surpris aujourd'hui de constater que le président est toujours là. C'est la faute des médias.

A suivre...

Jacques Bolo


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