Journée de solidarité forcée
Le Gouvernement Raffarin a voulu instaurer une journée de travail supplémentaire, prétendument pour les personnes âgées, en souvenir de la canicule de 2004 qui avait vraisemblablement abrégé l'existence d'environ 15.000 personnes. Ce jour devait être le lundi de Pentecôte, mais des résistances locales, et plus généralement une mauvaise volonté générale ont laissé le choix aux employeurs.
Bref, un bilan assez mitigé, que n'ont pas réussi à masquer la langue de bois ou la méthode Coué habituelles. Une bonne habitude serait de cesser ce genre de manipulations pour ne pas développer la méfiance systématique du public et ses rétorsions, qui se manifestent par exemple dans le succès du non au référendum.
En fait, il s'agissait simplement d'un simple grignotage supplémentaire des 35 heures, et d'une simple augmentation des prélèvements obligatoires sur les salaires.
L'idée de travail forcé est aussi un peu tirée par les cheveux car elle entre dans la logique de la langue de bois ou de l'invention sémantique. Elle repose sans doute sur l'idée qu'une journée de travail comprend le salaire net + les cotisations, ce qui, si on ne reçoit pas de salaire, correspond à environ 3 jours de cotisations sociales. Mais au final, cela ne revient simplement qu'à augmenter la part des cotisations dans la masse salariale. Presque : s'il n'y avait la "bonne idée" de ce jour de travail en plus.
Ce genre d'opération peut correspondre à l'idée de l'heure d'été, justifiée en pleine crise du pétrole comme un moyen d'économiser l'énergie (jugée négligeable aujourd'hui - environ 0,3%). Si on avait imposé de se lever une heure plus tôt à partir d'une certaine date, et une heure plus tard ensuite, on aurait assisté aussi à une forte résistance. En faisant avancer et retarder les montres d'une heure, tout le monde l'avait accepté. Bien joué !
L'erreur commise par le gouvernement dans le cas de la journée de solidarité est qu'il est probable qu'on aurait mieux accepté une augmentation des cotisations. Il ne fallait pas être trop gourmant en s'attaquant aux 35 heures, pour des motifs idéologiques. Raffarin a beau avoir été un jeune giscardien, il n'a pas réussi égaler son maître.
Jacques Bolo
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