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Culture - Octobre 2023

Diary of a Prosecutor (série coréenne, 2019)

Résumé

Des procureurs d'une ville de province traitent des petites affaires sur fond de relations interpersonnelles tendues et d'états d'âmes.

Diary of a Prosecutor Titre Original : 검사내전 (Geomsanaejeon, Guerre des procureurs), Scénario : LEE Hyun, SEO Ja-yeon, Réalisateur : LEE Tae-gon, Production : JTBC, Avec : LEE Sun-kyun, JUNG Ryeo-won, LEE Sung-jae, KIM Kwang-kyu, LEE Sang-hee, JEON Sung-woo, BAEK Hyun-joo, AHN Chang-hwan, AHN Eun-jin, JUNG Jae-sung, KIM Yong-hee, SHIN Cheol-jin, PARK Sung-yeon, CHA Soon-bae, KWAK Ja-young, SON Kyung-won

Une nouvelle procureuse ambitieuse placardisée, CHA Myung-joo, rejoint l'équipe de procureurs d'une petite ville de province. Elle y retrouve un camarade de promo, LEE Sun-woong, qui a végété professionnellement et qu'elle snobe. L'opposition persistera quasiment jusqu'à la fin alors qu'on aurait pu envisager un rapprochement. Ce qui est très astucieux.

L'intérêt principal de cette série est de présenter le travail d'une équipe de procureurs de province qui ne traitent pas, pour une fois d'affaires trop importantes (très loin surtout de l'habitude actuelle de poursuivre sans arrêt des tueurs en série). Une facilité du scénario est peut-être la fréquente mise en abyme de situations personnelles des procureurs et celles des procès qu'ils instruisent. Ce qui donne un ton un peu trop démonstratif, qu'on peut appeler confucéen, dans ce contexte juridique coréen toujours très moralisateur.

Comme je l'avais remarqué pour L'Amour au rattrapage (2023) ou Misaeng (2017), il existe un certain contraste étonnant entre des relations interpersonnelles qui restent à la fois extrêmement codifiées et la forme souvent chaleureuse qu'elles manifestent quand même. La parenthèse des beuveries rituelles peut l'expliquer. Mais le poids de la hiérarchie professionnelle, éducative et de séniorité est toujours omniprésent. Ce système produit des rapports hiérarchiques puants de style carrément mafieux, ce qui constitue une sorte de paradoxe malsain dans le cadre de l'institution judiciaire. Les phénomènes de corruption existent sans doute un peu partout, mais la façon dont ils se manifestent dans les séries coréennes est particulièrement oppressante.

La subtilité de la série consiste à explorer, surtout à travers les états d'âme du procureur LEE Sun-woong, cette essence de la corruption. On s'aperçoit au final qu'elle n'est pas forcément dans la capacité personnelle à mentir ou à commettre des petits arrangements, comme le problème est posé explicitement aux personnages. On assiste d'ailleurs, outre la permanence du phénomène pour tous les procureurs, à d'habiles retournements dans les comportements des deux personnages principaux. Ce qu'on constate plutôt, c'est que la limite qui caractérise la corruption est plutôt spécifiquement dans la soumission à cette injonction sociale et hiérarchique à mentir.

Jacques Bolo

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