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Médias - Mai 2012

C'est la faute des médias :

Femmes de ministres

Résumé

La question de la connivence journalistique ne se résoudra pas par des mesures formelles, d'ailleurs en contradiction avec le droit commun. La crédibilité est un effort intellectuel de tous les jours. C'est plus fatiguant.

On a reposé la question du maintien à leurs postes de journaliste politique pour les femmes de ministres, comme Audrey Pulvar, compagne d'Arnaud Montebourg, nouveau ministre du Redressement productif. On a aussi soulevé cette question pour Valérie Triewieler, femme du président François Hollande, comme on l'avait posé naguère pour Béatrice Schoenberg (ex-compagne de Jean-Louis Borloo), Anne Sinclair (femme de DSK), ou Christine Okrent (femme de Bernard Kouchner).

Et si elles se séparent, elles auront le droit de travailler ?

C'est du formalisme bidon à l'américaine. Tous les journalistes ont des opinions politiques. Certains finissent souvent par se présenter aux élections. D'autres auraient d'ailleurs mieux fait de se présenter plus tôt. Je pense à Jean-François Kahn, par exemple, qui développait sa propagande d'extrême centre avec un enthousiasme qui faisait plaisir à voir. Cacher ses opinions politiques revient à tromper sur la marchandise ou prendre le risque de ne pas équilibrer les plateaux télés, comme on l'a reproché à la « pensée unique » au moment du vote pour le Traité constitutionnel européen. Il en résulte un fantasme de complot de la part du public. On a d'ailleurs pu constater une impuissance à convaincre de cette pensée qui n'était donc pas si unique, ni surtout très efficace malgré tous les moyens qu'elle était censée avoir.

La neutralité n'est pas en question dans l'émission de Ruquier où Audrey Pulvar tient le rôle de l'intervieweuse de gauche en tandem avec la Zemourette de droite, Natacha Polony. Chacune joue son rôle et c'est parfaitement clair. Il pourrait y avoir un problème si Pulvar devait interviewer Montebourg. Encore que, personnellement, j'aimerai assez qu'on tente l'expérience, juste pour voir ce que ça donne. Je pense d'ailleurs que la neutralité est possible, même dans ce cas, car des questions peuvent être posées dans les deux perspectives, de droite et de gauche. Je ne vois absolument pas la différence d'objectivité avec une interview par un autre journaliste de gauche. Pulvar connaîtrait même mieux tous les trucs de son mec, si elle voulait les déjouer. De toute façon, politiques et journalistes se connaissent bien tous, n'est-ce pas ?

La véritable erreur est précisément celle de Montebourg qui avait dénoncé une connivence dans le cas de Béatrice Schoenberg. Ce type est complètement à côté de ses pompes. Sa copine devrait lui poser la question de savoir s'il pense vraiment que les femmes journalistes ne peuvent pas penser par elles-mêmes. Je ne suis pas pour la paix de ménages.

D'une façon plus générale, une interview d'un homme politique ne commence pas par « Puisque j'ai les mêmes idées que vous... » ou « Comme je ne suis pas d'accord avec vos idées... » de la part du journaliste. C'est pourtant bien le cas. Et tout le monde s'en est bien contenté jusqu'à présent. C'est donc bien qu'un journaliste peut très bien informer, plus ou moins bien, malgré ses opinions personnelles. Il n'y a pas de raison qu'on puisse penser autre chose parce s'il s'agit d'une femme.

Il ne faut pas confondre absence de pluralisme et absence d'objectivité. Un journaliste de gauche ne va pas défendre les idées de droite pour être objectif, et réciproquement. En général, les téléspectateurs qui se plaignent sont ceux qui estiment que leurs propres idées ne sont pas assez représentées. Ce n'est pas l'objectivité qui est recherchée.

Actuellement, la tendance est au populisme contre les élites, les bobos, et les journalistes de connivence, auquel on oppose une sorte de vertu populaire. Franchement, il faudrait quand même arrêter un peu les conneries ! Est-ce que quelqu'un peut soutenir que la télé produit de programmes de si haut niveau que le peuple en est exclu ? Les journalistes sont-ils si intelligents que le peuple ne peut pas suivre ? Si on peut reprocher quelque chose aux médias, c'est plutôt le populisme ambiant qui génère justement ce genre de réflexions minables. Alors, oui, les journalistes sont responsables. Il ne faut pas qu'ils s'étonnent si ça leur retombe sur la gueule. Mais le peuple n'a que les journalistes et les médias qu'il mérite.

Jacques Bolo

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